Des affrontements entre manifestants et policiers anti-émeutes ont éclaté mercredi à Téhéran près du Parlement, selon trois témoins, quelques heures après un nouvel avertissement lancé par le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, qui a souligné que le régime «ne céderait pas aux pressions» en faveur de l'annulation de la présidentielle du 12 juin.  

L'épouse de Mir Hossein Moussavi, le candidat qui récuse la réélection de Mahmoud Ahmadinejad, a dénoncé une situation s'apparentant à la loi martiale.  

Trois témoins ont expliqué à l'Associated Press que des centaines de personnes s'étaient rassemblées sur la place Baharestan, proche du parlement. D'après eux, des policiers frappaient les contestataires à l'aide de matraques, lançant des gaz lacrymogènes et tirant en l'air. Certains manifestants ripostaient aux forces de l'ordre tandis que d'autres prenaient la fuite vers une autre place de Téhéran, à environ 1,6km plus au nord.

 

Une vidéo amateur mise en ligne dans la journée sur YouTube a montré des jeunes gens dans la rue, dont des femmes, lançant des pierres et repoussant des barrières, dont une en flammes. «Mort au dictateur!», criaient d'autres manifestants. L'heure et le lieu où ces images ont été tournées n'ont pu être vérifiées dans l'immédiat.

 

Un peu plus tôt, le site Internet de Mir Hossein Moussavi avait fait état d'une manifestation prévue dans l'après-midi devant le Parlement. Il avait affirmé que ce rassemblement n'était pas organisé par Moussavi.

Un témoin ayant traversé la place Baharestan vers 19h locales, avait signalé à l'AP la présence de centaines de policiers anti-émeutes empêchant tout regroupement, même bref, alors qu'un hélicoptère survolait le centre de la capitale.

 

Sur l'un des sites web de Moussavi, son épouse Zahra Rahnavard, ex-doyenne d'une université féminine et qui a fait campagne à ses côtés, a défendue le droit constitutionnel à manifester de ses sympathisants, jugeant que le gouvernement ne devrait pas traiter les contestataires «comme si la loi martiale était imposée dans les rues». Avant d'appeler à la libération de toutes les personnes interpellées depuis le début de la contestation, qui a fait selon les médias officiels, au moins 17 morts.

 

Une vidéo amateur, qui a circulé sur Internet, a contribué à élever au rang d'icône du mouvement une jeune femme de 27 ans, mortellement blessée par balle. Mercredi, des restes de bougies se consumaient au coin d'une rue du centre de la capitale, où une veillée funèbre s'était tenue la nuit précédente à la mémoire de celle qui est identifiée sous le nom de Neda Agha Soltan.

 

Mehdi Karroubi, candidat réformateur à l'élection du 12 juin, a appelé à un jour de deuil pour les victimes de la répression, qui pourrait avoir lieu jeudi, d'après certains réseaux sociaux.

 

Reste que le guide suprême a exclu tout compromis avec l'opposition. «À propos des derniers développements, j'ai insisté, j'insiste et je continuerai d'insister sur l'application de la loi. Je ne m'écarterai pas d'un pas de la loi, de la loi de notre pays, de la République islamique», a lancé mercredi Ali Khamenei lors d'une réunion avec des parlementaires. «Ni le système ni le peuple ne cédera aux pressions, quel qu'en soit le prix». Les termes employés par le guide suprême indiquaient qu'il faisait référence aux pressions intérieures.

 

L'ayatollah Khamenei a accusé d'ingérence les États-Unis, la Grande-Bretagne et d'autres pays. Et le chef de la diplomatie iranienne Manouchehr Mottaki a fait savoir que Téhéran réfléchissait à une réduction des relations avec la Grande-Bretagne, accusée d'espionnage par le régime. «Nous étudions cela», a-t-il dit, selon la télévision d'État, au lendemain de l'expulsion de deux diplomates britanniques du pays, mesure à laquelle Londres a répondu par le renvoi à Téhéran de deux représentants iraniens chez eux.

Parallèlement, Mohsen Rezaie, ancien commandant des Gardiens de la révolution et candidat conservateur malheureux au scrutin du 12 juin, a annoncé qu'il retirait ses plaintes pour fraude électorale, selon la télévision d'État, laquelle a rapporté que l'investiture de Mahmoud Ahmadinejad aurait lieu entre le 26 juillet et le 19 août.