L'armée américaine a reconnu vendredi que des erreurs avaient été «probablement» à l'origine de la bavure commise début mai dans l'ouest de l'Afghanistan, estimant que 26 civils avaient été tués dans des bombardements, alors que le gouvernement afghan avance le chiffre de 140.

Trois frappes effectuées par un bombardier B-1 le 4 mai n'ont pas «respecté toutes les lignes de conduite spécifiques» en matière de combat, a conclu l'enquête militaire dont un résumé a été publié par le Pentagone.

Cette entorse aux règles «a probablement eu pour conséquence des victimes civiles», selon ce document.

Le bilan de 26 civils tués fourni par l'armée américaine est très inférieur à celui des autorités afghanes, mais Washington reconnaît que le chiffre exact des victimes pourrait être plus élevé.

«Personne ne pourra jamais déterminer avec certitude le nombre de victimes civiles du 4 mai», écrivent les auteurs du rapport d'enquête.

Les enquêteurs rappellent que l'armée américaine est intervenue à la demande des forces afghanes prises sous le feu des talibans près du village de Gerani dans la province de Farah. Afin de faciliter l'évacuation de soldats blessés, les Marines ont demandé des frappes aériennes.

A la nuit tombée, deux des trois raids effectués par un bombardier B-1 semblent avoir causé des victimes civiles, selon le rapport, qui précise que les bombes utilisées pesaient entre 250 kilos et une tonne.

Le commandant au sol comme les pilotes pensaient viser des rebelles qui continuaient à tirer sur les forces afghanes et de la coalition depuis un bâtiment, selon le rapport. Mais ni le commandant ni l'équipage du bombardier «ne pouvaient confirmer la présence ou l'absence de civils déjà à l'intérieur du bâtiment».

Dans leurs recommandations, les enquêteurs appellent les militaires américains en Afghanistan à mettre en place une stratégie qui donne la priorité à la protection des civils. Ils leur demandent de réexaminer toutes leurs règles de combat en tenant compte de la présence éventuelle de civils.

Un entraînement immédiat sur cette question est nécessaire pour les troupes sur place comme pour celles qui doivent être déployées en Afghanistan, soulignent-ils.

Le rapport suggère la création, en collaboration avec les autorités afghanes, d'équipes d'enquêteurs capables d'intervenir rapidement en cas d'éventuelles victimes dans la population.

Ce rapport illustre les difficultés de l'armée américaine à améliorer son image en Afghanistan, où les rebelles cherchent à profiter d'informations sur des pertes civiles pour attiser la méfiance de la population envers les forces internationales sous commandement de l'Otan.

Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a assuré jeudi que la réduction des pertes civiles était un enjeu primordial pour les forces de la coalition, et une priorité pour le général américain Stanley McChrystal, qui a pris lundi la tête des quelque 90.000 soldats des forces internationales, américaines et de l'Otan.