Les troupes américaines sont arrivées à une impasse contre les rebelles du sud de l'Afghanistan, dominé par les talibans, et ont jusqu'ici été incapables de faire cesser les attaques, a confié mercredi un commandant américain.

On estime que 80 pour cent des attaques des insurgés en Afghanistan se produisent actuellement dans le sud du pays, a expliqué le major-général Michael Tucker. Selon lui, les rebelles se sont dirigés vers le sud au cours de la dernière année, après que l'armée et la police les eurent combattus dans l'est.

«Nous sommes dans une impasse, a dit M. Tucker dans une vidéoconférence de 35 minutes depuis l'Afghanistan.

Nous n'avons pas assez de troupes pour répondre aux besoins des gens ici et leur donner les bonnes conditions pour améliorer la gouvernance.»

M. Tucker a ajouté que l'ennemi du sud est différent de celui de l'est, soulignant que le sud est le «centre de gravité pour les talibans à Kandahar».

Les Etats-Unis enverront environ en Afghanistan, au cours des prochains mois, 17 000 militaires, en plus de 4000 soldats additionnels pour la formation et la contre-insurrection. En tout, quelque 68 000 soldats américains se rendront en Afghanistan dans les deux prochaines années afin de déloger les chefs d'al-Qaïda, lutter contre les talibans et aider le pays à se défendre.

Lorsqu'on lui a demandé si ces troupes seront suffisantes, M. Tucker a dit qu'il le fallait, parce qu'«il y a une limite au nombre de troupes étrangères que l'on peut envoyer en Afghanistan».

«(Les Afghans) n'aiment pas nécessairement voir un grand nombre de troupes étrangères, a-t-il avancé. Nous croyons donc que ce que nous avons est suffisant pour faire le travail aussi efficacement et rapidement que possible sans dépasser leur seuil de tolérance.»

Le major-général s'est aussi dit inquiet face aux militants talibans de la vallée de Swat, au nord-ouest du Pakistan, qui semblent avoir été stimulés par un accord de paix conclu avec le gouvernement provincial et qui permet d'imposer la loi islamique en échange d'un cessez-le-feu. Les extrémistes resserrent ainsi leur contrôle près de la capitale en patrouillant les routes, en diffusant des sermons et en imposant la peur. «Les activités dans le Swat nous inquiètent, a affirmé M. Tucker. Nous les surveillons de près.»

Les forces américaines collaborent avec l'armée pakistanaise pour surveiller les opérations ennemies au Pakistan, surtout dans les régions frontalières et celles où les chefs d'al-Qaïda pourraient s'être réfugiés.

«Le Pakistan est aussi important pour nous que l'Afghanistan, a souligné M. Tucker. Nous croyons que le pays pourrait faire mieux, en se concentrant davantage sur la frontière afghane plutôt que sur celle avec l'Inde, et ainsi nous aider à nous débarrasser du sanctuaire des insurgés à cet endroit.»