Dans les ruines de leur ferme de Gaza, les Abed Rabbo attendent l'aide promise par le Hamas dont les combattants s'étaient installés dans l'arrière-cour avant qu'elle ne soit bombardée par l'armée israélienne, contraignant la famille à prendre la fuite.

«Ca fait quatre jours qu'ils nous parlent d'une aide, mais nous n'avons toujours rien vu», dit Mohammed, 60 ans, le patriarche de la famille, assis dans la seule chambre intacte de sa maison de trois étages.

«Le Hamas a dit que cette guerre était une victoire. Ca ressemble à ça la victoire ?», demande-t-il, tout en désignant de la main les débris et le béton déchiqueté qui jonchent Jebel al-Kashf, dans le nord de la bande de Gaza, l'une des zones les plus touchées par les bombardements israéliens.

Le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle Gaza, a promis des aides d'urgence pour les victimes de l'offensive israélienne de janvier qui a fait plus de 1.330 morts palestiniens.

Mais une semaine a passé depuis que les armes se sont tues et les familles vivant dans les zones les plus affectées, n'en ont toujours pas vu la trace.

La colline sur laquelle vivent les Abed Rabbo offre une vue imprenable sur la ville israélienne de Sdérot, ce qui en fait un site idéal pour les combattants palestiniens qui ont tiré, ces dernières années, des centaines de roquettes contre le sud d'Israël.

Ces derniers ont creusé des tunnels sous les maisons du clan Abed Rabbo, ont enterré des armes dans les champs et tiré des roquettes depuis leur arrière-cour des nuits durant, racontent plusieurs membres de la famille.

Les Abed Rabbo affirment ne pas être des activistes, et sont restés loyaux au Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas, chassé de la bande de Gaza par le Hamas en juin 2007.

Mais ils n'ont pu empêcher les groupes armés de s'introduire dans leur quartier, une fois la nuit tombée.

«Vous ne pouvez rien dire à la résistance ou ils vous accuseront de collaborer (avec Israël) et vous tireront dans les jambes», raconte Hadi, 22 ans, membre du clan.

Ahmed al-Kurd, ministre des Affaires sociales du Hamas, assure que son gouvernement a commencé à indemniser les Palestiniens qui vivent dans les zones les moins touchées par la guerre, et entend commencer à verser de l'argent aux plus nécessiteux à partir de la semaine prochaine.

Le gouvernement du Hamas a Gaza a annoncé qu'il verserait 1.000 euros à la famille de chaque Palestinien tué et 4.000 euros pour chaque maison entièrement détruite, le montant total des compensations s'élevant de 35 à 40 millions de dollars.

L'Autorité palestinienne, qui administre la Cisjordanie, a estimé les dégâts à 1,9 milliards de dollars.

De plus, les efforts de reconstruction vont se heurter au conflit qui oppose Israël, qui n'autorise que l'entrée des biens de première nécessité dans la bande de Gaza, et le Hamas, considéré par l'Occident comme un groupe terroriste.

«Pour toute activité sur le terrain à Gaza, nous devons nous assurer que l'aide ne tombe pas entre les mains du Hamas», a déclaré cette semaine le ministre israélien des Affaires sociales, Itzhak Herzog.

Mais de son côté, Ahmed al-Kurd a insisté sur le fait que quiconque voulant entreprendre des travaux de reconstruction devrait travailler avec son gouvernement.

En attendant, Mohammed Abed Rabbo, sa femme et leur chat, Michou, vivent dans les ruines de leur maison.

«J'ai peur de rester ici», confie le patriarche. «Je préfèrerais vivre dans une tente, dit-il. Comme ça, la prochaine fois que les chars viendront, je pourrai l'emballer et partir avec».