Le Conseil national des relations canado-arabes (CNRCA) condamne avec force la position «irresponsable» du gouvernement canadien au sujet du conflit qui sévit dans la bande de Gaza. Il appelle le premier ministre Stephen Harper à réviser son approche, en accord avec les traditions canadiennes de respect des lois internationales et des conventions humanitaires.

En conférence de presse, le vice-président du conseil, Mark Khoury, a affirmé que le CNRCA - dont le but est de multiplier les ponts entre le Canada et les habitants du monde arabe - est extrêmement inquiet de la position qu'a prise le Canada au sujet de l'offensive israélienne à Gaza.

 

«Récemment, a déclaré M. Khoury, le ministre d'État aux Affaires étrangères, Peter Kent, a complètement absous Israël pour ses attaques, alors qu'on ne disposait pas encore de l'information qui aurait pu éclairer une telle décision. Cela met en relief l'irresponsabilité de la déclaration de M. Kent.»

Le ministre d'État a en effet blâmé publiquement le Hamas pour l'attaque qu'a menée l'armée israélienne contre une école de l'ONU à Gaza, qui a fait 41 victimes au début de la semaine.

Le CNRCA demande au ministre de s'excuser pour ses propos, «d'autant plus que les Nations unies ont depuis confirmé qu'il n'y avait aucune cible militaire à l'école, seulement des réfugiés civils».

«Nous demandons au gouvernement du Canada de condamner avec vigueur les actions d'Israël, de reconsidérer et de revoir son traité de libre-échange avec Israël et d'augmenter son aide humanitaire aux Palestiniens.»

Appel au congédiement

Plus tôt cette semaine, la Fédération canado-arabe a pour sa part demandé au premier ministre Harper le congédiement du ministre Peter Kent.

Le CNRCA a rappelé que la Croix-Rouge et l'ONU ont suspendu leur aide à Gaza parce qu'il était impossible d'obtenir d'Israël des garanties de sécurité. «La Croix-Rouge, a ajouté Mark Khoury, a aussi fait des découvertes sur la possibilité de crimes de guerre. Un cas en particulier choque: quatre jeunes enfants ont été trouvés autour du cadavre de leur mère; ils y étaient depuis quatre jours, affamés et trop faibles pour se lever.»

En fermant les yeux sur ce qui se passe à Gaza et en appuyant Israël sans nuance, M. Khoury estime que le Canada rompt avec sa tradition humanitaire au regard des conventions de guerre et des conventions de Genève. «Les signataires des conventions de Genève ont la responsabilité de faire cesser le viol de ces conventions lorsque des abus se produisent, a-t-il dit. La position canadienne est dangereuse parce qu'elle est en train de diluer l'importance et la signification de ces lois internationales.»

Le Conseil national des relations canado-arabes se dit enfin «très préoccupé par l'ignorance du gouvernement du Canada face à la situation réelle à Gaza».

«Les Affaires étrangères, souligne Mark Khoury, ne cessent de répéter que le Hamas a violé le cessez-le-feu il y a deux semaines. Or, c'est faux. Il faut se rappeler que le dernier cessez-le-feu a été violé tout d'abord par Israël les 5 et 6 novembre derniers, lors d'une attaque qui a coûté la vie à plusieurs Palestiniens.»

Selon Samah Sabawi, Cana-dienne d'origine palestinienne qui siège au conseil d'administration du CNRCA, le Canada ne devrait pas se précipiter à la défense d'Israël sans savoir ce qui se passe véritablement et sans qu'une enquête sérieuse soit menée sur le terrain.

«Lorsque nous assistons à un meurtre de cette magnitude, lorsque nous assistons au bombardement d'une école de l'ONU et à la mort de 40 civils, nous nous attendons à ce que le gouvernement du Canada déclare sa compassion envers ceux qui ont perdu des êtres chers. Nous nous attendons à ce que le Canada réclame une enquête. Tout le monde veut savoir qui est responsable de ce drame. Mais nous ne nous attendons pas à ce qu'il se précipite aveuglément à la défense d'Israël.»

Mme Sabawi rejette également l'affirmation canadienne sur le droit d'Israël de se défendre: «Israël n'est pas à se défendre en ce moment. Israël défend son occupation de la Palestine; Israël s'accroche à une occupation qui dure depuis plus de 40 ans. Entre défendre son pays contre des intrus de l'extérieur et défendre une occupation, il y a une différence.»

Le CNRCA a aussi demandé avec insistance hier au Hamas de mettre un terme à ses attaques à la roquette contre Israël.