Israël a décidé d'interrompre quotidiennement dès ce mercredi ses bombardements sur Gaza pendant trois heures «pour des raisons humanitaires», à la suite d'une initiative égyptienne et au lendemain d'une journée particulièrement meurtrière pour les civils.

«Je peux confirmer qu'il y a une cessation des activités offensives en ce moment afin de faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire, permettre à la population de se réapprovisionner, et faciliter le travail des organisations non gouvernementales», a indiqué à l'AFP un porte-parole militaire, Peter Lerner.Selon lui, 80 camions transportant de l'aide humanitaire ainsi que l'approvisionnement en carburants devaient entrer à Gaza mercredi.

A Gaza, un correspondant de l'AFP a affirmé qu'aucune explosion n'avait été entendue dans le centre-ville depuis l'annonce de l'armée.

Peu avant, un porte-parole de l'armée avait indiqué que les bombardements sur Gaza cesseraient quotidiennement pendant trois heures à partir de 11h00 GMT (6h00 HNE).

Une source au ministère de la Défense a précisé que cette suspension concernait Gaza-ville et ses environs seulement et non pas toute la bande de Gaza. Un porte-parole du Hamas a fait savoir que le mouvement ne prévoyait pas de tirer de roquettes sur le territoire israélien pendant cette pause.

Quelques heures plus tôt, le cabinet du Premier ministre Ehud Olmert avait annoncé qu'Israël ouvrirait mercredi un couloir humanitaire «afin de prévenir une crise humanitaire dans la bande de Gaza».

Israël semble ainsi répondre favorablement à une initiative du président égyptien Hosni Moubarak destinée à mettre fin aux combats entre les troupes israéliennes et le Hamas, entrés dans leur 12e jour.

M. Moubarak a détaillé son initiative en trois points mardi soir à Charm-el-Cheikh lors d'une conférence de presse avec le président français Nicolas Sarkozy.

Ce plan prévoit notamment «un cessez-le-feu immédiat pour une période limitée» afin de permettre l'ouverture de corridors humanitaires et la poursuite des efforts égyptiens en vue d'une trêve permanente.

Il préconise aussi une rencontre israélo-palestinienne en Egypte pour éviter une répétition de l'escalade actuelle et «remédier à ses causes», y compris la sécurisation des frontières de la bande de Gaza, en vue d'une réouverture des points de passage.

La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, qui participe aux débats du Conseil de sécurité de l'ONU à New York pour une résolution mettant fin aux hostilités, a salué l'initiative de M. Moubarak et promis d'y donner suite.

Israël a annoncé qu'il considérait «positivement» un dialogue avec l'Egypte basé sur l'initiative de M. Moubarak. A Paris, M. Sarkozy, qui a achevé mardi une tournée régionale, s'est félicité de «l'acceptation» par Israël du plan.

Le Hamas a pour sa part indiqué par la voix de son représentant au Liban Oussama Hamdan avoir des «réserves», jugeant que le plan ne devait pas être considéré comme un tout «à prendre ou à laisser».

Sur le terrain, les attaques israéliennes ont baissé d'intensité ces dernières heures après une journée sanglante au cours de laquelle des dizaines de civils ont été tués, dont une cinquantaine dans des écoles de l'ONU touchées par les frappes.

L'ONU a démenti mercredi la présence de combattants dans une des écoles ou plus de 40 personnes ont péri, après qu'Israël eut affirmé que ses forces avaient riposté à des tirs d'obus provenant de l'établissement.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, attendu la semaine prochaine au Proche-Orient, a qualifié de «totalement inacceptables» les attaques contre les écoles.

Mercredi matin, avant la pause, 16 Palestiniens dont cinq enfants ont été tués dans des bombardements, dans différents secteurs du territoire, selon des sources médicales palestiniennes.

L'offensive israélienne a coûté la vie à au moins 689 Palestiniens, dont 220 enfants, et fait quelque 3000 blessés depuis son lancement le 27 décembre, selon le dernier bilan des services d'urgence.

Le cabinet de sécurité israélien s'est réuni à Jérusalem pour discuter des suites de l'opération.

Les agences humanitaires ont dénoncé une crise humanitaire «totale» dans le territoire pauvre et surpeuplé. L'offensive a provoqué de graves pénuries de denrées, de carburant et d'eau courante ainsi que des coupures d'électricité.

Dix mille habitants du territoire risquent en outre de se noyer dans des eaux usées, suite à l'effondrement du système d'égouts provoqué par les bombardements israéliens, a averti mercredi la Banque Mondiale.

Israël affirme qu'elle vise à contraindre le Hamas à mettre fin aux attaques à la roquette contre son territoire. Huit roquettes ou obus de mortier se sont abattus mercredi dans le sud d'Israël, endommageant notamment une maison dans la ville d'Ashkelon, sans faire de blessé.

Quatre Israéliens sont morts dans ces tirs depuis le 27 décembre.

Sept soldats israéliens ont été tués depuis le début de l'offensive.