Dix jours après le lancement de l'opération aérienne israélienne contre la bande de Gaza, doublée samedi d'un assaut terrestre condamné par la France, Nicolas Sarkozy se rend lundi et mardi au Proche-Orient pour tenter de «trouver les chemins de la paix».

L'entrée de troupes israéliennes dans la bande de Gaza «ne change rien au programme» du chef de l'Etat, avait-on indiqué samedi à l'Elysée. «Le voyage est maintenu tel quel», a-t-on répété dimanche alors que la veille, le ministère français des Affaires étrangères a qualifié l'offensive terrestre israélienne d'«escalade militaire dangereuse» qui «complique les efforts engagés par la communauté internationale».

M. Sarkozy a affirmé à trois quotidiens libanais à paraître lundi que le Hamas «porte une responsabilité lourde dans la souffrance des Palestiniens de Gaza».

Tout comme la France condamne l'offensive terrestre israélienne, elle condamne «avec la même fermeté la poursuite des tirs de roquettes qui sont une provocation inadmissible», ajoute-t-il.

Le président français compte également «redire aux autorités israéliennes qu'il est absolument essentiel qu'elles laissent passer l'aide humanitaire à Gaza».

Il avait annoncé son déplacement lors de ses voeux aux Français le 31 décembre, déclarant qu'il se rendrait au Proche-Orient «dès lundi parce que c'est la vocation de la France de chercher partout les chemins de la paix».

M. Sarkozy se rendra dans quatre pays et dans le territoire palestinien de Cisjordanie. Lundi, il déjeunera à Charm el-Cheikh (nord-est de l'Egypte) avec Hosni Moubarak, le président égyptien avec lequel il copréside l'Union pour la Méditerranée, puis rencontrera le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à Ramallah, avant un dîner de travail à Jérusalem avec le Premier ministre israélien Ehud Olmert.

Mardi, il rencontrera les présidents syrien Bachar al-Assad à Damas et libanais Michel Sleimane à Beyrouth.

Il ira ensuite présenter ses voeux aux armées devant les soldats français de la Force des Nations unies au Liban (Finul), dans le sud du pays, comme programmé à l'origine.

Nicolas Sarkozy, qui a passé les rênes de l'UE à Prague le 1er janvier, retrouvera lundi à Ramallah une délégation européenne menée par le ministre tchèque des Affaires étrangères, Karel Schwarzenberg.

Dans la situation actuelle, «on ne peut pas ne rien faire et en même temps, c'est très compliqué. On ne peut pas discuter avec le Hamas qui n'est pas fréquentable. Le faire, ce serait affaiblir l'Autorité palestinienne», a affirmé samedi à l'AFP un proche du chef de l'Etat.

Le Hamas est inscrit sur la liste des organisations terroristes de l'UE.

«C'est l'Iran qui détient la clé de tout ça. Il y a une faction à Téhéran qui pousse (le Hamas) à bombarder Israël», a ajouté la même source.

Depuis le début de l'opération israélienne, destinée à empêcher le Hamas de lancer des roquettes sur Israël, plus de 500 Palestiniens ont été tués, selon des sources palestiniennes. Roquettes et obus de mortier continuent à s'abattre quotidiennement sur le territoire israélien.

M. Sarkozy, qui se déclare ami à la fois d'Israël et des Palestiniens, a déployé une intense activité diplomatique pour parvenir à une trêve, refusée par Israël tant que ses objectifs ne sont pas atteints et par le Hamas.

Il a eu plusieurs entretiens téléphoniques (avec MM. Moubarak, Abbas, Olmert, la chancelière allemande Angela Merkel, le chef du gouvernement espagnol José Luis Zapatero, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan), après avoir reçu jeudi Tzipi Livni, chef de la diplomatie israélienne, selon qui la France peut «faire quelque chose» pour aider à régler la situation.