(Lisbonne) À la veille de l’arrivée du pape François, une foule de jeunes croyants s’est rassemblée mardi à Lisbonne dans une ambiance festive pour la messe d’ouverture des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), le plus grand rendez-vous catholique international.

« Lisbonne vous accueille d’un cœur entier », a déclaré dans son homélie le cardinal-patriarche de Lisbonne et plus haut prélat de l’Église catholique portugaise, Manuel Clemente, depuis l’autel installé au sommet d’une colline surplombant le centre-ville et l’embouchure du Tage.

Les autorités locales prévoyaient une affluence d’environ 300 000 fidèles pour le coup d’envoi de cette semaine de rendez-vous culturels et spirituels, reportée d’un an à cause de la pandémie de COVID-19 après l’édition de 2019 au Panama.

Avec des pèlerins venus de tous les pays du monde sauf les Maldives, cette 16e édition des JMJ est déjà la plus représentative d’une histoire entamée en 1986 sous l’impulsion de Jean Paul II, ont annoncé ses organisateurs.

Environ un million de fidèles pourraient participer à la messe finale que le pape dira dimanche dans un parc situé en proche banlieue, aménagé pour l’occasion sur le site d’une ancienne décharge.

Pour son 42e voyage à l’étranger depuis son élection en 2013, le souverain pontife de 86 ans est attendu dans la capitale portugaise mercredi à 5 h, à peine deux mois après une opération à l’abdomen suivie d’une dizaine de jours d’hospitalisation.

« Évènement unique »

« On attend de la joie, de la fraternité de l’Église, d’être contents de rencontrer d’autres personnes alors qu’on ne les connaît pas, juste parce qu’on partage quelque chose qui est plus fort que nous », a témoigné Irénée Dabezies, une Française de 27 ans, drapeau tricolore à la main.

 « J’ai très envie de voir plein de jeunes inspirés par le Christ, qui partagent ma foi et qui la vivent ensemble. Cela me fait sentir un peu plus proche du ciel », a confié avant la cérémonie un pèlerin espagnol de 18 ans, Manuel Oliva.

Mobilisant 16 000 membres des forces de l’ordre et des secours, les JMJ représentent « le plus grand évènement international » jamais organisé au Portugal, devant l’Euro-2004 ou l’exposition universelle de 1998, selon le premier ministre Antonio Costa.

 « C’est un évènement unique par son échelle », avait également commenté lundi Mgr Manuel Clemente, en rappelant que le nombre de pèlerins attendus représente un dixième de la population portugaise de 10 millions d’habitants.

Malgré sa santé fragile, le premier pape latino-américain s’est donné un programme particulièrement chargé, avec une dizaine de discours et une vingtaine de rendez-vous.

Violences sexuelles

Alors que l’Église catholique est en pleine réflexion sur son avenir face au défi de la sécularisation, le jésuite argentin, très populaire parmi les jeunes, devrait aborder des thèmes qui leur sont chers, comme l’écologie ou la justice sociale.

Lors de son arrivée au Portugal mercredi, Jorge Bergoglio s’exprimera devant les autorités et le clergé du pays ibérique. Jeudi et vendredi, il rencontrera des jeunes de différents groupes ainsi que des bénévoles, et il fera samedi une visite éclair à la ville-sanctuaire de Fatima (centre), où il s’était déjà rendu en 2017.

Selon la Conférence épiscopale portugaise, le pape doit également rencontrer en privé des victimes d’agressions sexuelles sur mineurs commises par des membres du clergé, six mois après la publication d’un rapport choc par une commission d’experts indépendants.

Aucun détail de la rencontre n’a été dévoilé et le Vatican ne l’a toujours pas confirmé. « Je sais qu’elle aura lieu et qu’elle sera divulguée, mais moi-même je ne sais pas où elle se tiendra ni avec combien de personnes », a déclaré Mgr Clemente lundi.

D’après l’enquête menée à la demande de la hiérarchie catholique, au moins 4815 mineurs ont été victimes de violences sexuelles au sein de l’Église portugaise depuis 1950.