(Kyiv) Sur un terrain d’entraînement à la périphérie de Kyiv, des femmes traversent une course d’obstacles et tirent à la kalachnikov. Une première mise à l’épreuve pour une évolution importante : des uniformes enfin conçus pour leur aller.

Plus de 42 000 femmes sont engagées dans les forces armées ukrainiennes, mais elles ne portent quasi exclusivement que des uniformes masculins.

L’initiative « Arm Women Now » (« Armez les femmes dès maintenant ») a donc récolté des dons pour créer et coudre plusieurs milliers d’uniformes adaptés aux femmes, qu’elle a ensuite distribués gratuitement aux soldates.

« C’est très confortable, ça ne limite pas mes mouvements parce que la taille est haute […] Tout est maintenu en place et on est mobile », constate Alina Pyrenko, psychologue militaire qui a reçu deux treillis.

Alina a porté cet uniforme à l’automne dernier près de la ville dévastée de Bakhmout dans l’Est, théâtre d’une bataille longue et sanglante contre les forces russes. Elle dit être satisfaite du pantalon.

Lorsqu’elle a rejoint l’armée ukrainienne, elle se souvient que pendant deux mois, elle n’a reçu « aucun uniforme du tout ».

« Ensuite, ils ont commencé à nous fournir des uniformes, mais en nous donnant exclusivement des tailles d’homme, que nous avons ensuite fait recoudre », explique-t-elle.

Les femmes militaires en Ukraine doivent généralement faire ajuster les tenues amples qu’elles reçoivent ou se procurer à leurs propres frais des uniformes féminins auprès des forces armées d’autres pays.

« Les pantalons des hommes tombaient » des hanches, dit-elle en montrant d’un geste leur style rectiligne.

Non aux sous-vêtements masculins

L’ONG Arm Women Now, créée par des Ukrainiennes, a donc conçu un ensemble d’uniformes militaires féminins avec des vestes cintrées, des pantalons à taille réglable et des soutiens-gorge de sport confortables.

Toutes pourraient bientôt en bénéficier : le modèle est testé en vue d’être déployé dans l’ensemble des forces armées ukrainiennes. L’organisation négocie avec le ministère de la Défense pour que l’uniforme devienne la norme.

« J’aimerais que toutes les femmes reçoivent l’uniforme », tranche la fondatrice du projet, Iryna Nykorak, députée du parti Solidarité européenne de l’ancien président Petro Porochenko.

La semaine dernière, le ministère de la Défense a assuré qu’il travaillait à « répondre aux besoins matériels du personnel militaire féminin ».

Le vice-ministre de la défense Denys Charapov a lui assisté à une présentation du modèle féminin créé par Arm Women Now, soulignant qu’un « uniforme confortable est l’un des éléments les plus importants, car nos femmes le portent tous les jours ».

Arm Women Now a déjà fourni un kit gratuit à près de 5000 soldates.

PHOTO SERGEI SUPINSKY, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le modèle est testé en vue d’être déployé dans l’ensemble des forces armées ukrainiennes. L’organisation négocie avec le ministère de la Défense pour que l’uniforme devienne la norme.

La gamme qu’elle propose est très étendue et comprend des sous-vêtements pour missions de combat, qui sont « différents de ceux portés par les civils », explique Mme Nykorak.

« Il est donc difficile pour les filles de trouver les sous-vêtements qui leur conviennent et dans lesquels elles se sentent à l’aise », ajoute-t-elle.

Pour l’hiver, il existe également des hauts à manches longues et des leggings noirs et kaki, des vestes polaires avec fermeture éclair et des imperméables à capuche.

Les treillis sont dotés de multiples poches et de velcros permettant d’ajuster la taille aux genoux et aux chevilles.

« Les tailles les plus populaires sont XS et même XXS », souligne Iryna Nykorak, des tailles qui sont très rares pour les vêtements masculins.

« Les femmes qui se battent dans une guerre ne devraient pas avoir à s’inquiéter de ce qu’elles portent », explique encore Mme Nykorak.

« Si une femme a pris les armes et défend son foyer, sa famille et son pays, elle devrait au moins avoir un uniforme confortable », ajoute-t-elle. « Une femme ne peut pas se battre en sous-vêtements masculins ».