L'autorité italienne anticorruption (ANAC) a mis en garde mercredi le gouvernement contre le risque d'une infiltration de la mafia dans le chantier de reconstruction du pont de Gênes, qui s'est effondré en août, faisant 43 morts.

La renonciation aux règlementations habituelles afin d'accélérer la reconstruction du pont « implique aussi la renonciation au code antimafia », a affirmé le président de l'ANAC, Raffaele Cantone, au cours d'une audition devant la chambre des députés.

« Il y a de nombreuses activités liées à la reconstruction-du terrassement au traitement des gravats-dans lesquelles les sociétés contrôlées par la mafia, malheureusement, ont sans aucun doute du savoir-faire », a-t-il expliqué.

Le président de la région de Ligurie, Giovanni Toti, a assuré que le nouveau pont serait prêt à l'automne 2019, « au plus tard en novembre ».

Mais selon M. Cantone, attribuer le contrat de reconstruction du pont Morandi sans passer d'appel d'offres public faciliterait la tâche du crime organisé.

D'autant que la mafia « cherche à infiltrer » la région de Ligurie, dont Gênes est la capitale. Des règles strictes dans l'attribution des contrats sont donc nécessaires, selon lui.

Les principaux groupes mafieux sont implantés historiquement dans le sud de la péninsule. Mais ils se sont peu à peu étendus vers le nord du pays, plus riche. La police considère notamment que la 'Ndrangheta calabraise gère des affaires légales dans le nord dans le but de blanchir les revenus du trafic de drogue.

Le 14 août, l'effondrement du viaduc Morandi, qui enjambait Gênes pour faire passer l'autoroute vers la France, avait fait 43 morts et des dizaines de blessés.