Des magistrats d'Espagne et d'Allemagne doivent se rencontrer rapidement à La Haye (Pays-Bas) pour aborder la demande de remise de l'indépendantiste catalan Carles Puigdemont à l'Espagne, qui tente en parallèle de mieux défendre sa position à l'étranger, a-t-on appris de sources concordantes.

Une réunion est prévue «avec des magistrats d'Eurojust (le système de coopération judiciaire européen, NDLR), et aussi d'Allemagne et d'Espagne», a déclaré une source judiciaire espagnole à l'AFP.

En Allemagne, la porte-parole du ministère public a aussi confirmé que des «discussions entre autorités espagnoles et des représentants du parquet de Schleswig-Holstein sont prévues d'ici peu à La Haye», sans en dire plus.

La source espagnole pour sa part précisé que la réunion pourrait se tenir jeudi et/ou vendredi.

Cette réunion intervient alors que la libération par un tribunal allemand vendredi 6 avril de l'ancien dirigeant de la Catalogne Carles Puigdemont a suscité de vives réactions en Espagne, où il est recherché pour «rébellion».

Le tribunal du Schleswig-Holstein (nord) chargé d'examiner cette demande avait considéré qu'il devait être remis en liberté dans l'attente de l'examen de la demande et indiqué qu'il considérait que les charges pour «rébellion», passibles de 30 ans de prison, n'étaient pas étayées.

Le tribunal allemand continue à examiner l'accusation - politiquement moins sensible et pénalement moins lourdement réprimée - de détournements de fonds publics en lien avec l'organisation du référendum d'autodétermination, qui selon Madrid a coûté 1,6 million d'euros. Il a demandé à l'Espagne davantage d'éléments pour étayer sa position.

La décision n'en demeure pas moins un revers judiciaire et politique pour l'Espagne, qui intensifie cette semaine ses efforts, y compris diplomatiques, pour défendre ses arguments dans ce dossier.

De source diplomatique, on évoque à Madrid «l'atteinte à l'image» de l'Espagne qu'aurait impliqué la décision, alors que les indépendantistes catalans accusent depuis des semaines le pays d'instrumentaliser la justice contre leur cause.

Mercredi, la responsable des affaires de Justice de la Commission européenne, Vera Jourova, a pour sa part considéré que l'Allemagne avait «agi en respectant les règles».

Le ministère des Affaires étrangères a organisé mardi un séminaire à Alicante (est) avec 17 ambassadeurs espagnols et deux représentants espagnols auprès de l'Union européenne sur ce sujet, et ils ont pour instruction de multiplier les initiatives pour «expliquer la position de l'Espagne», selon une source gouvernementale.

Une deuxième réunion est prévue en ce sens en mai.