Des milliers d'agriculteurs venus du sud-est de l'Espagne ont manifesté mercredi à Madrid, réclamant au gouvernement une aide face à la sécheresse «surréaliste» qui les frappe et menace des emplois dans leur région, «potager de l'Europe».

Les alentours d'Alicante, Murcie et Almeria, sur la côte espagnole du Levant, où sont produits en toutes saisons des fruits et légumes pour toute l'Europe, souffre particulièrement de la sécheresse. L'Espagne traverse une de ses pires sécheresses depuis le début des années 1980.

«Sans eau au Levant, désert et chômage. Défendons le potager de l'Europe», pouvait-on lire sur une banderole dans le défilé.

«On nous a coupé l'eau à 80%», s'indigne auprès de l'AFP José Antonio Diaz, gérant d'une entreprise agricole dans la région d'Almeria, faisant référence à aux réserves d'eau vides aux quatre-cinquièmes dans le sud-est de l'Espagne, selon lui.

Il dit n'avoir pu faire pousser que 15 à 20% de sa production habituelle de salades et pastèques, une situation «surréaliste».

Certains agriculteurs, dit-il, ont même envisagé de déplacer une partie de leur production dans le sud de la France, autour de Montpellier, où l'eau est plus abondante.

«En 39 ans, je n'ai jamais connu une année aussi grave», affirme aussi Pepe Rodriguez, agriculteur de 59 ans de la région de Murcie.

«Qu'est-ce qu'on va faire avec tous les immigrés que nous avons là-bas ?», s'interroge-t-il, inquiet pour les emplois dont vivent de nombreuses familles dans sa région, dont beaucoup de travailleurs venus d'Afrique.

Il souhaite que le gouvernement subventionne le dessalement de l'eau de mer, une technologie pour l'heure très coûteuse, et mette en place à plus long terme un système de transvasement des eaux des fleuves du nord, plus humide, vers le sud.

Les réserves d'eau des bassins du Jucar et du Segura, les deux principaux fleuves arrosant le sud-est de l'Espagne, étaient à respectivement 27,7% et 17,6% de leur capacité, selon les données officielles publiées mardi.