« Trump est un ouvre-boîte. Il casse les consensus. Il casse la politique. S'il arrivait au pouvoir en France, cela changerait tout. »

Cheveux argentés, moustache bien taillée, tiré à quatre épingles, Georges Clément se confie dans un café chic des Champs-Élysées. Le ton est affable, mais les propos sont durs : la France est, selon lui, à l'agonie. Et aucun politicien ne peut régler ce problème aussi bien que Donald Trump. Il en est tellement convaincu qu'il a cofondé le Comité Trump France, dont l'objectif est de faire rayonner la pensée trumpienne au pays de la baguette et du camembert.

L'affaire débute officiellement en juillet 2016, par une simple page Facebook destinée à soutenir la candidature de Trump aux primaires républicaines. Mais depuis l'élection du milliardaire en novembre, ce petit fan-club d'ultra-droite traditionaliste s'est transformé en véritable lobby politique.

L'association ne compterait actuellement pas plus d'une centaine d'adhérents. Mais elle ne lésine ni sur les moyens ni sur les activités pour arriver à ses fins.

Ses membres s'expriment sur Twitter, Facebook, dans des livres et dans les quelques médias qui veulent bien leur donner la parole. Question de mieux se connaître, ils ont aussi décidé de se réunir trois fois par an pour débattre et échanger.

En janvier, à l'occasion de l'investiture présidentielle, le groupe a ainsi tenu une soirée de gala dans un grand hôtel parisien, en présence d'un sénateur américain, de trois officiers de haut rang de l'armée des États-Unis et de la coordonatrice de la campagne Working Mothers for Donald Trump, une certaine Rosine Ghawji.

« Nous étions entre 150 et 200 », lance Georges Clément, satisfait.

Interrogé sur son mouvement, l'homme d'affaires de 73 ans évoque l'identité française, le catholicisme, l'ultra-libéralisme et surtout, la souveraineté.

Pour lui, l'immigration et le fait musulman sont un « danger réel » pour le pays. 

« Certains disent qu'en Europe, la guerre civile est inévitable. Si on en est là, c'est bien parce qu'il n'y a pas eu de contrôle de l'immigration comme Trump le propose. »

Raciste ? Il s'en défend. Les gens qui accusent le Comité Trump France d'appartenir à la « fachosphère » sont selon lui des ignares. « Ils ne comprennent rien, ni au fascisme ni au national-socialisme », lance celui qui préfère se voir comme un patriote, un catholique et un souverainiste convaincu.

En France, ce genre d'idées est essentiellement défendu par Marine Le Pen et son parti d'extrême droite, le Front national (FN). Mais Georges Clément, curieusement, refuse d'y être associé. S'il dit partager les idées nationalistes du FN, il trouve en revanche que le parti a viré « trop à gauche » et que Marine Le Pen est devenue « trop molle » en matière d'immigration.

« Le parti avait des positions claires avec Jean-Marie Le Pen [le fondateur du FN], dit-il. Avec Marine, c'est beaucoup moins. Imaginez : elle dit même que l'islam est compatible avec la République... »

Une position impopulaire

Georges Clément sait qu'il nage à contre-courant. Car en ce moment, Donald Trump est loin, très loin, d'avoir la cote dans l'Hexagone. 80 % des Français ont une opinion « défavorable ou très défavorable » du président Trump et 13 % en ont une opinion « favorable », selon un sondage IPOF réalisé le 20 janvier.

La classe politique n'est guère plus enthousiaste. Hormis Marine Le Pen, qui a clairement affiché son appui au président à la houppette blonde, les soutiens de Trump sont à peu près nuls, du moins officiellement. Même chose dans les médias qui, de droite comme de gauche, ne cachent pas leur inquiétude devant les agissements du nouveau président américain.

Tout cela, du reste, n'empêchera pas Georges Clément de poursuivre sa croisade. Car la méthode Trump reste selon lui le dernier espoir de sauver les meubles en France. L'arrogance ? L'autoritarisme ? Il n'y voit pas de problème. Car c'est en franchissant la ligne, sans complexe, que des gens comme Donald Trump peuvent mener une politique efficace, dit-il. « On n'a pas à être politiquement correct quand on dirige un pays », lance celui qui se décrit comme un grand admirateur de Napoléon.

Cette réflexion, comme d'autres, circulera sans doute début avril, lors du tout premier colloque organisé par le Comité Trump France. Il s'agira alors de voir si « les idées et les manières de faire » de Donald Trump sont applicables à la France et à sa culture politique.