Plusieurs officiers turcs de l'OTAN ont demandé l'asile dans des pays membres de l'Alliance où ils servaient, à la suite des purges menées après la tentative de coup d'État en Turquie en juillet, a affirmé vendredi le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg.

« Il est exact que des officiers turcs employés dans la structure de commandement de l'OTAN ont sollicité l'asile dans les pays où ils travaillent », a déclaré M. Stoltenberg lors d'une conférence à l'institut américain German Marshall Fund à Bruxelles, à deux jours d'un déplacement en Turquie.

Sollicité ensuite par l'AFP, le chef de l'Alliance atlantique a refusé de préciser le nombre d'officiers turcs et de pays concernés.

Le cas de défection le plus connu concerne huit militaires turcs qui ont fui en Grèce le 16 juillet après le coup d'État avorté en Turquie. La Grèce a rejeté leurs demandes d'asile fin septembre, mais ils ont fait appel, soutenant craindre pour leur vie. Parallèlement, Ankara a réclamé leur extradition, une requête en cours d'examen par la justice grecque.

Plusieurs officiers turcs d'une base de l'OTAN située à Ramstein (ouest de l'Allemagne) ont également demandé l'asile à ce pays avec leurs familles, ont rapporté jeudi des médias allemands. « Il y a plus qu'une personne », a indiqué à ce sujet Paul Junker, un responsable du district de Kaiserslautern à l'édition en ligne de l'hebdomadaire Der Spiegel.

Selon Jens Stoltenberg, c'est à chaque pays membre de l'OTAN concerné de « décider ou non d'accorder l'asile » à ces candidats. L'OTAN « n'a pas de mandat (pour cela), ce n'est pas notre responsabilité, et nous nous tromperions si nous commencions à nous mêler de ce type de problèmes juridiques », a-t-il affirmé à l'AFP.

Il a relevé qu'« un certain nombre de membres du personnel (militaire) turc ont été changés dans la structure de commandement de l'OTAN ». « J'espère que la Turquie (les) remplacera et continuera de remplir les postes » qui lui reviennent dans cette structure de commandement, a poursuivi le chef de l'OTAN.

De nombreux militaires et fonctionnaires ont fui la Turquie et se sont réfugiés dans divers pays européens après la tentative de coup d'État et la purge tous azimuts déclenchée dans son sillage par le régime turc.

En Allemagne, 4437 citoyens turcs ont déposé une demande d'asile entre janvier et octobre 2016, soit plus du double du chiffre enregistré sur toute l'année 2015 (1767), d'après l'agence fédérale de la migration et des réfugiés (BAMF).

L'OTAN a condamné le coup d'État manqué en Turquie - un membre « clé » de l'Alliance -, mais a demandé le « respect de la démocratie, de l'ordre constitutionnel, de l'État de droit et des libertés fondamentales » dans ce pays à la suite des purges massives dans l'armée et l'administration.

M. Stoltenberg doit se rendre dimanche à Istanbul pour sa deuxième visite en Turquie depuis le coup. Il s'exprimera lundi devant l'Assemblée parlementaire de l'OTAN, structure de concertation entre parlementaires des pays alliés.

Selon Johnathan Eyal, du groupe de réflexion londonien Royal United Services, les alliés font face à un problème épineux avec ces demandes d'asile émanant d'officiers turcs. « Leur refuser l'asile les exposerait à des difficultés à leur retour, leur accorder signifierait indirectement juger qu'ils ne peuvent s'attendre à aucune justice dans la Turquie d'aujourd'hui », a fait valoir cet expert interrogé par l'AFP.