Le parti au pouvoir Rêve géorgien était en tête à l'issue des élections législatives dans ce pays du Caucase du Sud, selon les résultats partiels du scrutin publiés dimanche par la Commission électorale centrale, mais l'opposition a dénoncé des fraudes.

Après dépouillement de 54% des circonscriptions, Rêve géorgien était avec 50,44% des suffrages devant le Mouvement national unifié (MNU) de l'ancien président géorgien en exil Mikheïl Saakachvili qui recueillait 26,67% des voix pour les 77 des 150 sièges répartis à la proportionnelle.

L'issue définitive du scrutin pourrait en revanche n'être connue que fin novembre étant donné la complexité du système électoral géorgien.

S'adressant à une foule en liesse réunie devant le siège de son parti, le premier ministre géorgien, Giorgi Kvirikashvili, s'est félicité d'une «énorme victoire».

Mais l'opposition a crié à la fraude. «Des voix nous ont été volées. Nous allons défendre nos votes», a clamé à ses partisans réunis pour manifester devant la commission électorale centrale Nika Melia, la chef de campagne du MNU, estimant que son parti a remporté la victoire.

La Commission électorale centrale a annoncé avoir enregistré 46 plaintes pour violations des procédures, déposées par des partis politiques et des observateurs.

Tous les deux pro-occidentaux, les partis rivaux étaient au coude à coude à la fin de la campagne électorale qui s'est déroulée dans un climat tendu dans cette ancienne république soviétique, théâtre d'un conflit et d'une intervention militaire russe en 2008, avec un attentat et une fusillade lors d'un meeting.

Un petit parti pro-russe, Alliance des Patriotes, a également franchi le seuil de 5% des voix nécessaire pour siéger au Parlement, une première depuis 1991, selon Roustavi 2.

Au total, 19 partis, six formations et 816 candidats au scrutin majoritaire se disputent les votes des 3,5 millions d'électeurs pour les 150 sièges du Parlement.

Sous l'oeil de Moscou

En octobre 2012, la victoire écrasante du Rêve géorgien aux législatives précédentes avait mis fin à une décennie de pouvoir du MNU.

Depuis, la popularité du Rêve géorgien s'est fortement effritée, sur fond de dépréciation de la monnaie géorgienne à la suite de la récession en Russie, important partenaire commercial de Tbilissi.

Le Rêve géorgien comme le MNU prônent l'entrée de la Géorgie dans l'Otan, comme l'ont promis les dirigeants de l'Alliance atlantique en 2008.

Mais cette promesse reste pour l'instant suspendue, à cause de la ferme opposition de Moscou, qui à l'issue d'une guerre éclair en 2008 a installé ses troupes à demeure en Abkhazie et en Ossétie du Sud, deux régions sécessionnistes géorgiennes voisines.

Attentat contre un député mercredi

Dans un contexte déjà tendu, la campagne a été marquée par un attentat contre un député du MNU dont la voiture a explosé dans la nuit de mardi à mercredi à Tbilissi, blessant quatre passants.

Le MNU a condamné l'attaque, accusant le parti au pouvoir de «créer un climat de haine».

Quelques jours avant, des assaillants inconnus ont tiré sur un député indépendant, Irakli Okrouachvili, blessant deux personnes.

Plus tôt cette année, plusieurs députés du MNU ont été violemment battus par des militants du Rêve géorgien.

Depuis l'arrivée au pouvoir de ce parti en 2012, plusieurs alliés de l'ancien président géorgien ont fait l'objet d'enquêtes et certains ont été emprisonnés sous des accusations notamment de détournement de fonds.

M. Saakachvili lui-même, devenu gouverneur de la région ukrainienne d'Odessa, est recherché par la justice géorgienne pour «abus de pouvoir», des accusations qu'il dénonce comme politiquement motivées.

Mikheïl Saakachvili a promis de revenir en Géorgie après les élections, mais le ministre de l'Intérieur, Guiorgui Mguebrichvili, l'a prévenu qu'il serait arrêté dès son entrée sur le territoire.

Son rival Bidzina Ivanichvili, l'homme le plus riche de Géorgie, a quitté volontairement son poste de premier ministre en 2013, mais l'opposition l'accuse de continuer à tirer les ficelles du pouvoir.