Les opposants aux relocalisations de réfugiés au sein de l'UE l'emporterait de très loin (95%), selon de premières estimations annoncées par le vice-président du parti Fidesz au pouvoir, Gergely Gulyas.Mais avec une participation évaluée à 45%, la consultation à forte valeur symbolique initiée par le chef de l'exécutif hongrois n'aura pas force légale.

Le nombre de votes exprimés devait représenter au moins 50% des inscrits pour que le scrutin soit valide.

De premiers résultats officiels étaient attendus autour de 22h.

Le responsable du Bureau national des élections Andras Pulai avait reconnu à la fermeture des bureaux de vote que la participation n'atteindrait sans doute pas la barre des 50%.

Anticipant une possible victoire contrariée par l'abstention, le conservateur Viktor Orban n'a cessé d'insister sur le fait que la priorité était le pourcentage atteint par le non.

«Si le vote contre les quotas obligatoires atteint 95%, le message est clair», a ainsi réagi le porte-parole du gouvernement Zoltan Kovacs, interrogé par l'AFP, jugeant le taux d'abstention secondaire.

Mais le dirigeant du parti d'extrême droite Jobbik, Gabor Vona, seul véritable rival du Fidesz de M. Orban en vue des législatives de 2018, a, sitôt les premières estimations connues, renouvelé ses appels à la démission du premier ministre.

Quelque 8,3 millions d'électeurs étaient appelés à répondre à la question: «Voulez-vous que l'Union européenne décrète une relocalisation obligatoire de citoyens non hongrois en Hongrie sans l'approbation du Parlement hongrois?»

«Je suis fier que nous soyons les premiers (en Europe) à répondre à cette question dans les urnes, même si nous sommes malheureusement les seuls», avait déclaré M. Orban en votant à Budapest.

L'opposition et les ONG de défense des droits de l'homme avaient appelé au boycott ou au vote nul.

À Budaörs, à 15 km de la capitale, Marci, un agriculteur de 40 ans, expliquait avoir refusé de prendre part au scrutin. «Je ne serai pas un pion sur l'échiquier d'Orban», a-t-il souligné, dénonçant une consultation «biaisée».

La majorité des électeurs ayant pris le chemin des isoloirs apparaissaient à l'inverse avoir opté pour le non, à l'instar de Zoltan, un avocat âgé de 38 ans, qui dit préférer «être prudent que surpris» en matière migratoire. Un couple de septuagénaires a confié avoir voté non «le coeur lourd», mais pour la «sécurité de (ses) enfants».

Appels à la démission

La Hongrie n'a proposé à ce jour aucune place d'accueil de réfugiés relocalisés et souhaitait, par ce référendum, s'affranchir de toute obligation de contribuer à l'effort européen de répartition des migrants.

La Commission européenne a cependant régulièrement souligné que le scrutin n'aurait aucun impact juridique sur les engagements adoptés, les États membres ayant «la responsabilité légale d'appliquer les décisions prises».

La Hongrie est censée accueillir au moins 1294 migrants en vertu du plan européen de répartition de 160 000 demandeurs d'asile adopté il y a un an. Celui-ci est toutefois largement resté lettre morte, seuls quelques milliers de personnes ayant été «relocalisées».

Mais les responsables européens redoutaient que le référendum hongrois, en cas de participation massive, ne porte un nouveau coup à une UE déjà malmenée par une succession de chocs, de la crise migratoire au Brexit.

Le président du Parlement européen, Martin Schulz, a dénoncé dimanche un «jeu dangereux».

Dans une tribune publiée samedi et destinée à mobiliser le camp du non, M. Orban a estimé que les Hongrois avaient «le devoir» de l'aider à combattre les décisions de «l'élite à Bruxelles».

«Avec le référendum, nous pouvons envoyer un message à chaque Européen: leur dire que cela dépend de nous, les citoyens européens, de ramener l'UE à la raison (...) ou de la laisser se désintégrer», a-t-il souligné.

Viktor Orban continue de bénéficier d'une popularité au plus haut, portée par son discours décomplexé sur l'immigration qu'il compare à «un poison», et qui a mis en sourdine les critiques sur le reste de sa politique.

En 2015, 400 000 candidats à l'asile en Europe ont transité par la Hongrie, la plupart avant l'installation de clôtures barbelées le long des frontières serbe et croate.