Les autorités allemandes ont des doutes sur la nationalité afghane de l'auteur de l'attaque à la hache lundi, qui semble être en fait pakistanais, a fait savoir mercredi le ministre de l'Intérieur Thomas de Maizière.

L'Allemagne est ciblée «par le terrorisme international» et «la situation est sérieuse», a-t-il souligné, tout en jugeant que l'attentat, qui a fait cinq blessés - quatre touristes chinois de Hong Kong dans un train et une passante - «est peut-être un cas à la limite entre la crise de folie meurtrière et le terrorisme».

«Il y a des indications selon lesquelles il ne s'agirait pas du tout d'un Afghan mais d'un Pakistanais, mais on doit laisser cela à l'enquête», a déclaré M. de Maizière lors d'une conférence de presse à Berlin.

L'analyse de la vidéo de revendication (ci-contre) du groupe djihadiste État islamique (EI), dans laquelle l'auteur annonce son acte, a montré qu'il utilisait pour certains termes un dialecte pachto parlé au Pakistan et non en Afghanistan, selon la chaîne de télévision ZDF. Son accent est aussi clairement pakistanais.

En outre le nom qui lui est donné dans la vidéo, Muhammad Riyad, est différent de celui sous lequel il était enregistré en Allemagne, à savoir Riaz Khan Ahmadzai, selon le quotidien Bild.

En se faisant passer pour un Afghan, il aurait cherché à avoir de meilleures chances d'obtenir l'asile en Allemagne, selon ZDF.

Le parquet anti-terroriste allemand a annoncé avoir ouvert une enquête pour soupçon «d'appartenance à une organisation terroriste étrangère», suite à la revendication par l'EI de l'attaque à la hache et au couteau à Wurtzbourg,  puis de la diffusion de la vidéo par le groupe djihadiste.

Toutefois, le gouvernement allemand ne pense pas en l'état que l'EI a commandité l'attentat.

«Beaucoup d'indications laissent penser qu'il s'agit d'un attentat commis par un seul auteur, qui s'est senti aiguillonné par la propagande du groupe État islamique», a souligné le ministre de l'Intérieur.

La chancelière Angela Merkel a qualifié «l'attaque à la hache et au couteau de gens sans défense dans un train» d'«acte incroyablement horrible».

Deux des cinq blessés étaient toujours mercredi entre la vie et la mort.

Le responsable d'un syndicat de police, le BDK, Ulf Kühn, a parlé d'une «dimension complètement nouvelle» pour l'Allemagne et jugé que les forces de sécurité étaient «assez impuissantes» face à ce type de violence, dans une interview au quotidien Handelsblatt.

M. de Maizière a prévenu ses concitoyens que l'Allemagne «se trouve dans le viseur du terrorisme international». «La situation est sérieuse, nous devons aussi en Allemagne compter avec des attentats de petits groupes ou de personnes radicalisées», a-t-il dit.

Par ailleurs, même si les opposants d'Angela Merkel se sont gardés jusqu'ici d'accuser la chancelière d'avoir permis l'attentat en ouvrant généreusement en 2015 les frontières du pays aux réfugiés, un débat a été amorcé sur la question des migrants.

Le ministre de l'Intérieur de la Bavière, Joachim Herrmann, a renouvelé mercredi une requête de son parti conservateur, la CSU, d'un plafonnement du nombre de réfugiés autorisés à venir en Allemagne. La CSU, pourtant alliée à la CDU de Mme Merkel, a été à la pointe des critiques contre elle depuis l'automne 2015.

Le porte-parole de Mme Merkel, Steffen Seibert, s'est lui élevé contre tout amalgame. L'attentat «ne justifie pas qu'on discrédite un groupe de personnes dans son ensemble», a-t-il dit.

AP