Le quotidien allemand qui a été le premier à mettre la main sur les « Panama Papers » a prévenu jeudi qu'il ne dévoilera pas tous les documents dont il dispose, en faisant valoir qu'ils ne sont pas tous d'intérêt public.

Le Süddeutsche Zeitung a reçu les documents d'une source anonyme il y a plus d'un an et les a partagés, du moins en partie, avec des dizaines d'autres médias à travers le monde. Depuis la publication des premiers articles dimanche, des politiciens de premier plan, des vedettes et des gens d'affaires ont vu leurs activités dans des paradis fiscaux étalées au grand jour, ce qui a provoqué la colère du public et donné naissance à plusieurs enquêtes.

Ceux qui sont pointés du doigt nient avoir quoi que ce soit à se reprocher, mais le scandale a quand même coûté son poste au premier ministre islandais plus tôt cette semaine.

Le Süddeutsche Zeitung a expliqué que les 11,5 millions de documents « ne seront pas tous partagés avec le public ou la police (parce que) le SZ n'est pas le prolongement des forces de l'ordre ou des autorités fiscales ».

Les autorités ont le pouvoir nécessaire pour obtenir ces documents auprès de ceux soupçonnés de malversations et, dans plusieurs cas, il ne serait pas de l'intérêt public de dévoiler les activités d'individus ou de compagnies à l'étranger, a ajouté le quotidien munichois.

Les documents proviennent du cabinet d'avocats panaméen Mossack Fonseca, qui aide les plus puissants et les mieux nantis de la planète à créer des sociétés fictives à l'étranger. Le cabinet affirme avoir été victime d'une attaque informatique et a déposé une plainte criminelle.

Le Süddeutsche Zeitung dit ne pas savoir comment sa source a obtenu ces documents, mais que cette personne a ressenti une « pulsion morale très forte (de) rendre ces crimes publics ».

Le recours à des sociétés fictives étrangères n'est pas nécessairement illégal. Des individus ou des compagnies peuvent les utiliser pour réduire leurs obligations fiscales en profitant des conditions en vigueur dans des pays comme le Panama, les îles Caïman ou les Bermudes. La pratique fait toutefois grincer des dents, surtout quand elle est l'oeuvre de politiciens qui sont ensuite dénoncés pour ne pas avoir contribué à l'économie de leur propre pays.

Puisque ces compagnies camouflent aussi le nom de leurs propriétaires, elles peuvent être utilisées à des fins criminelles.

Mossack Fonseca assure respecter toutes les lois qui encadrent l'enregistrement de compagnies et ne pas conseiller à ses clients de stratagèmes pour se soustraire à leurs obligations fiscales.