Buckingham Palace a vigoureusement démenti mercredi la une du tabloïd The Sun assurant que la reine Élisabeth II était en faveur d'un Brexit, la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.

«La reine reste neutre sur le plan politique, comme c'est le cas depuis 63 ans», a déclaré un porte-parole du Palais, ajoutant: «nous ne commentons pas des ragots fallacieux basés sur des sources anonymes. Le référendum est l'affaire du peuple britannique qui décidera» le 23 juin de l'avenir du pays.

«La reine soutient le Brexit», affiche sur sa une mercredi le Sun, quotidien le plus lu du Royaume-Uni, affirmant révéler une «exclusivité explosive». Le tabloïd dit s'appuyer sur deux sources.

La première est anonyme et rapporte une conversation de la reine avec un groupe de députés «il y a quelques années lors d'une réception à Buckingham Palace». «Je ne comprends pas l'Europe», aurait dit la souveraine à l'un des parlementaires.

La deuxième source, toujours anonyme, évoque une conversation que l'ancien vice-premier ministre Nick Clegg aurait eue avec la reine. Selon le Sun, Élisabeth II aurait dit à l'ancien leader des libéraux-démocrates, un europhile convaincu, que l'UE allait «dans la mauvaise direction». C'était en 2011.

Avant même le démenti de Buckingham Palace, Nick Clegg a qualifié de «n'importe quoi» les informations du Sun.

«Comme je l'ai dit au journaliste, c'est du n'importe quoi. Je n'ai aucun souvenir de cette conversation et ce n'est pas le genre de choses qui s'oublient», a-t-il écrit sur son compte Twitter.

L'ancien ministre libéral-démocrate Edward Davey s'est également montré très sceptique. «La reine sait parfaitement qu'une sortie de l'UE serait le meilleur moyen de détruire le Royaume-Uni puisque l'Écosse voterait ensuite pour son indépendance», a-t-il dit à la BBC.

Sonder les convictions de la reine, censée être neutre et impartiale, constitue l'un des exercices préférés des médias britanniques. En juin 2015, plusieurs d'entre eux, dont le Sun, avaient ainsi conclu que la monarque était... en faveur d'un maintien dans l'UE, après son discours contre les «divisions de l'Europe» prononcé à Berlin.

L'épisode rappelle également la dernière ligne droite d'avant le référendum d'autodétermination en Écosse en 2014. «Les Écossais devraient bien réfléchir», avait glissé la reine à la sortie de l'église, près de son château écossais de Balmoral. Ces propos avaient été interprétés comme un appel en faveur du camp du Non à l'indépendance, finalement vainqueur.

Les autres membres de la famille royale sont eux aussi scrutés. Le mois dernier, un discours du prince William, soulignant que la capacité du Royaume-Uni à «agir de façon commune avec les autres pays» était «essentielle» avait été perçu comme un appel clair au statu quo. «Il ne parlait pas de l'Europe», avait alors réagi un porte-parole du prince.