Hashim Thaçi a été élu président du Kosovo par les parlementaires malgré une journée marquée par le lancer de gaz lacrymogène au Parlement pour empêcher son élection, tandis que des manifestants et la police se sont affrontés autour de l'Assemblée, a rapporté un journaliste de l'AFP.

Un premier tour du scrutin - sur trois possibles -, qui s'est néanmoins déroulé après l'interruption de la session parlementaire, n'avait pas permis à la coalition au pouvoir d'élire à la tête de l'État l'actuel ministre des Affaires étrangères et ancien premier ministre, Hashim Thaçi.

M. Thaçi a obtenu le soutien de 50 élus, alors qu'une majorité des deux tiers de députés, sur 120 sièges, était nécessaire pour l'élection du président. M. Thaçi aura dû attendre le troisième tour pour être élu président. Au troisième tour de scrutin, la candidature de M. Thaçi a été soutenue par 71 élus, sur 120 sièges à l'Assemblée kosovare.

Parallèlement au déroulement du vote, la police a tiré des bombes de gaz lacrymogène pour disperser un groupe de manifestants encagoulés qui ont lancé des cocktails Molotov sur la place devant les sièges du Parlement et du gouvernement.

La situation s'est tendue sur cette place - où des centaines de militants de l'opposition campent depuis mercredi -, lorsqu'au moins onze élus de l'opposition ont été contraints de quitter l'Assemblée, après avoir une nouvelle fois lancé du gaz lacrymogène dans l'hémicycle en pleine session.

Un élu de l'opposition a été arrêté, d'autres ont refusé de participer au vote.

Il s'agit d'une méthode qu'ils emploient depuis octobre pour obtenir la démission du gouvernement et réclamer les élections anticipées.

«Nous continuons de nous opposer à ce que la personne la plus contestée au Kosovo soit élue président. Nous allons poursuivre nos manifestations jusqu'à la convocation de nouvelles élections», avait lancé à la foule l'élu Albin Kurti, fer de lance de l'opposition, à la sortie du Parlement.

M. Thaçi, favori de ce vote, affrontait Rafet Rama, un autre candidat de sa propre formation, le Parti démocratique du Kosovo.

«Dehors!», «Hashim dehors!», ont scandé les manifestants, environ un millier, qui ont dressé des tentes devant le Parlement et le gouvernement.

Le Kosovo, ancienne province méridionale serbe qui a proclamé en 2008 son indépendance, est secoué depuis octobre par une crise politique.

Le vote «pour un État ou pour le chaos»

L'opposition par ailleurs accuse le pouvoir de corruption et lui demande de renoncer à un accord sur la «normalisation» des relations avec la Serbie, conclu en 2013 sous la houlette de l'Union européenne.

Un volet de cet accord prévoit la mise en place d'une «association» des municipalités serbes, considérée comme cruciale par Belgrade, afin d'améliorer les droits de la minorité serbe du Kosovo. Mais, selon ses détracteurs, il permettra à la Serbie d'avoir une mainmise sur les municipalités concernées.

«Le passé de Thaçi, ainsi que son présent, est funeste pour le Kosovo. Si vous êtes mécontents de ce gouvernement, descendez dans la rue et protestez», avait lancé durant les débats un député du mouvement de l'opposition Vetëvendosje (Autodétermination), Visar Ymeri.

Le chômage touche environ 40 % de la population active de ce pays de 1,8 million d'habitants.

Pour Melihate Termkolli, une élue de la coalition au pouvoir, il s'agit pourtant d'un vote «pour un État ou pour le chaos».

«Nous appelons tous les hommes politiques qui souhaitent du bien au Kosovo de s'assoir et de trouver une solution», avait déclaré Samuel Zbogar, chef du bureau de l'Union européenne à Pristina.

Le quinquennat de la présidente actuelle Atifete Jahjaga se termine le 7 avril.

PHOTO ARMEND NIMANI, AFP

L'actuel ministre des Affaires étrangères et ancien premier ministre, Hashim Thaçi a été élu président du Kosovo par les parlementaires.