Trois personnes, dont le responsable d'une ONG islamiste, ont été tuées mardi à Diyarbakir, dans le sud-est de la Turquie, lors de violences opposant des militants kurdes rivaux deux jours après les élections législatives, a annoncé le ministère de l'Intérieur.

Le directeur de l'ONG Ihya-Der, Aytac Baran, proche du parti islamiste kurde Huda-Par, a été abattu en début d'après-midi par des hommes non identifiés en quittant son bureau de Diyarbakir, a-t-on appris de sources hospitalières.

Cette attaque a ensuite provoqué des heurts entre des partisans du parti Huda-Par et des militants du parti kurde HDP (Parti démocratique du peuple) qui ont fait deux autres morts, selon le communiqué du ministère de l'Intérieur, qui n'a donné aucun détail sur les identités.

Un précédent bilan de source hospitalière faisait état de 4 morts.

La police a interpellé trois personnes en possession d'armes soupçonnées d'avoir participé aux violences, a indiqué pour sa part le bureau du gouverneur local cité par les médias turcs.

Au moins trois journalistes ont par ailleurs été blessés en couvrant ces affrontements, a rapporté l'agence de presse Dogan.

L'avocat de M. Baran a affirmé que son client avait été menacé par des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) peu de temps avant son assassinat. Mais la branche jeunesse du PKK a démenti ces allégations dans un message posté sur son compte Twitter, dénonçant une «provocation».

Le chef de file du HDP Selahattin Demirtas a fermement condamné cet assassinat et appelé au calme. «Des manipulations sont à l'oeuvre toutes les parties doivent agir avec sang froid», a-t-il écrit sur son compte Twitter.

Le HDP a obtenu 13,1% des suffrages et 80 sièges de députés lors du scrutin de dimanche, qui a vu le parti du président islamoconservateur Recep Tayyip Erdogan perdre la majorité absolue qu'il détenait depuis treize ans au Parlement.

Les violences sont régulières entre les membres du HDP, réputés proches du PKK qui mène la rébellion depuis 1984 contre les autorités turques, et ceux d'Huda-Par, proche des mouvements islamistes radicaux.

Des affrontements entre partisans du HDP et militants de Huda-Par avaient déjà fait 2 morts et 6 blessés le 29 mai dernier dans la province de Sirnak (sud-est).

Ces violences interviennent quelques jours après l'attentat à la bombe qui a fait 3 morts et plus d'une centaine de blessés vendredi parmi des militants du parti kurde HDP (Parti démocratique du peuple) venus assister dans la même ville de Diyarbakir à une réunion de campagne de leur chef de file Selahattin Demirtas.

Les auteurs de cet attentat n'ont pas été identifiés, mais le premier ministre Ahmet Davutoglu a annoncé dimanche qu'un suspect avait été interpellé, sans autre détail.