Pour la première fois depuis longtemps, les élections britanniques ne seront pas monopolisées par les conservateurs et le Labour. Tandis que les appuis s'effritent pour les deux partis traditionnels, des formations en pleine ascension, comme le SNP, parti indépendantiste, et l'UKIP, europhobe, pourraient jouer un rôle-clé et mêler les cartes. Ajoutez-y la déconfiture probable des libéraux-démocrates, et vous obtiendrez un paysage politique fragmenté, pour des élections qui s'annoncent totalement imprévisibles. À un mois du scrutin, qui aura lieu le 7 mai, portrait des forces en présence.

Parti conservateur (Tories)

Chef: David Cameron (premier ministre actuel)

Nombre de sièges actuels: 302



Après cinq ans de règne (en coalition avec les libéraux-démocrates), rien n'assure que les conservateurs seront reportés au pouvoir. L'émergence, à droite, du parti UKIP pourrait coûter des votes aux tories. Selon certains, le parti de David Cameron s'en sortira, au mieux, avec une minorité. Une nouvelle alliance avec les libéraux-démocrates est envisageable, mais peu probable. Une coalition avec l'UKIP, peut-être?

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David Cameron

Parti travailliste (Labour)

Chef: Ed Miliband

Nombre de sièges actuels: 256



La logique de l'alternance voudrait que le Labour reprenne le pouvoir aux tories. Mais les travaillistes n'ont pas exactement le vent dans les voiles, particulièrement en Écosse, où le parti est en déroute depuis le référendum. Une coalition avec le parti nationaliste écossais (SNP), qui pourrait lui voler une quarantaine de sièges, a été écartée jusqu'ici, les deux partis divergeant en premier lieu sur la question de l'indépendance écossaise. Une alliance au «cas par cas» serait plus probable. Mais tout reste à voir.

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Ed Miliband

SNP (Scottish National Party)

Chef: Nicola Sturgeon

Nombre de sièges actuels: 6



C'est le «success story» attendu de ces élections. Neuf mois après l'échec du référendum, le SNP n'a jamais semblé aussi puissant, et les sondages lui donnent entre 40 et 50 sièges au Parlement britannique - un exploit qui pourrait rappeler celui du Bloc québécois à Ottawa en 1993. Un parti indépendantiste détiendrait ainsi la balance du pouvoir à Westminster, une perspective pour le moins ironique. «De plus en plus d'Écossais voient le SNP comme le parti qui peut le mieux défendre les intérêts de l'Écosse en Grande-Bretagne», résume Alan Convery.

Cette montée fulgurante risque de faire très mal au Parti travailliste, qui avait jusqu'ici la faveur des Écossais.

«Si le vote pour le SNP est aussi important que ce que suggèrent les chiffres, ce sera très difficile pour le Labour d'obtenir une majorité, résume Brian Lewis, professeur d'histoire britannique à l'Université McGill. Le vote écossais n'a pas toujours été essentiel aux travaillistes, mais dans une élection où le Labour et les conservateurs sont à égalité, le vote écossais peut faire toute la différence.»

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Nicola Sturgeon

Libéraux-démocrates

Chef: Nick Clegg

Nombre de sièges actuels: 56



Ils ont beaucoup souffert de leur coalition avec les conservateurs. Et même si cette alliance a été un succès relatif, les libéraux-démocrates sont désormais en chute libre, désertés par une partie de leur électorat. «Avant, les gens de gauche votaient LibDem parce qu'ils pensaient que c'était un parti de gauche, souligne Alan Convery. Maintenant que le parti est allé avec les conservateurs, pour qui ces gens vont-ils voter? Labour? Verts? C'est une des inconnues de cette élection.»

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Nick Clegg

UKIP (United Kingdom Independence Party)

Chef: Nigel Farage

Nombre de sièges actuels: 2

Leur message eurosceptique et anti-immigration fait mouche chez nombre d'électeurs de droite déçus par les conservateurs. Selon les observateurs, le parti ne remportera pas plus d'une demi-douzaine de sièges. Mais il pourrait gruger assez de votes pour diviser la droite, ce qui affaiblirait les conservateurs et permettrait au Labour de se faufiler.

«En réalité, les appuis pour l'UKIP sont variés, précise Alan Convery, professeur de politique à l'Université d'Édimbourg. Des recherches plus récentes montrent que ce ne sont pas seulement des conservateurs déçus, mais des gens de tout le spectre politique qui trouvent que les partis principaux ne les représentent pas. C'est principalement un vote "anti-establishment".»

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Nigel Farage

Plaid Cymru

Chef: Leanne Wood

Nombre de sièges actuels: 3



Le parti nationaliste gallois compte sur l'«effet écossais» pour doubler ses sièges à Westminster. Mais le pays de Galles n'est pas l'Écosse, et si une majorité de Gallois souhaitent la décentralisation maximale, très peu (12%) sont en réalité pour l'indépendance. Comme d'habitude, le Labour raflera probablement la majorité des sièges au pays de Galles.

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Leanne Wood

Les Verts



Chef: Natalie Bennett

Nombre de sièges actuels: 1



Ils n'ont qu'un seul siège, mais ils pourraient repartir avec trois, s'ils parviennent à voler assez d'électeurs au Labour et aux libéraux-démocrates.

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Natalie Bennett