L'exécutif français a annoncé mardi un renfort de 200 à 300 militaires pour assurer la sécurité à la veille de Noël et rassurer des Français inquiets après trois attaques, dont une liée à l'islamisme radical, ayant fait un mort et 25 blessés.

Un homme âgé de 25 ans blessé lundi sur un marché de Noël à Nantes (ouest), lorsqu'un véhicule a été projeté sur une foule, est décédé, a annoncé la procureure responsable de l'affaire.

Le président François Hollande a appelé une nouvelle fois mardi à «ne pas céder à la panique» et à faire preuve d'un «très grand sang-froid».

Tant le président que son premier ministre Manuel Valls ont assuré que les trois attaques n'étaient pas liées, alors qu'un début d'angoisse commençait à gagner le pays, poussant le quotidien populaire Le Parisien à titrer mardi «Peur sur Noël».

«Nous voulons protéger et rassurer les Français et leur dire que tous les services de l'État sont mobilisés», a déclaré Manuel Valls après avoir réuni en urgence dans la matinée les ministres concernés par la sécurité.

Il a notamment annoncé le déploiement supplémentaire de 200 à 300 militaires qui s'ajouteront à 780 hommes déjà mobilisés dans le cadre d'un dispositif de sécurité antiterrorisme, appelé Vigipirate.

Sur ce millier d'hommes, quelque 500 sont déployés dans la région parisienne, selon une source militaire. Les patrouilles vont être renforcées dans les zones commerciales, les centres-ville, les gares et les réseaux de transport, a précisé le premier ministre.

Manuel Valls a estimé qu'il ne fallait pas faire «d'amalgame» et avancé que cette succession d'attaques à la veille des fêtes de fin d'année pourrait s'expliquer par des réactions «mimétiques».

Un solitaire

À Nantes, une enquête pour assassinat et tentative d'assassinat a été ouverte. Outre la personne décédée, neuf autres piétons ont été blessés. Âgé de 37 ans, le conducteur s'est donné plusieurs coups de couteau avant d'être arrêté. Mardi soir, il n'avait toujours pas pu être entendu par les enquêteurs et ses motivations restent inconnues, selon la procureure, Brigitte Lamy.

Elle a ajouté qu'un carnet avait été retrouvé à bord de la voiture contenant «des propos pour le moins confus». L'homme y dit «sa haine de la société» et évoque «un risque d'être tué par les services secrets». Il y affirme aussi que «sa famille le dénigrait sur internet», selon la procureure.

Selon une source proche du dossier, il était en proie à des «problèmes d'alcoolisme nécessitant un suivi psychologique». Il avait été impliqué dans une affaire de vol et recel en 2006.

C'était un «solitaire» qui ne semblait néanmoins ni déséquilibré, ni à la dérive, selon Joël Reignier, le maire de son village situé à plusieurs centaines de kilomètres au sud de Nantes.

Les fous d'Allah

Le mobile de l'islamisme radical semble en revanche établi selon les enquêteurs, dans le cas de la première attaque samedi, lorsqu'un homme de 20 ans a blessé trois policiers au couteau en criant «Allah Akbar» (Dieu est le plus grand) à Joué-Lès-Tours (centre-ouest) avant d'être abattu par les forces de l'ordre.

Le lendemain, un «déséquilibré», selon les autorités, a projeté également aux cris d'«Allah Akbar» son véhicule sur des piétons à Dijon (centre-est), faisant 13 blessés. L'homme âgé de 40 ans né en France de mère algérienne et de père marocain dit avoir agi seul, ému par la souffrance des enfants palestiniens et tchétchènes.

Cet homme a été mis en examen pour tentatives d'assassinat, a indiqué le procureur de la République adjoint de Dijon, Thierry Bas.

Selon des sources proches du dossier, il s'agit d'un schizophrène de longue date qui a fait pas moins de 157 séjours volontaires en unité psychiatrique entre février 2001 et novembre 2014.

Manuel Valls s'est défendu de toute minimisation de ces évènements concomitants, accusation portée par le parti Front national (extrême droite) pour qui les évènements de Dijon et Nantes relèvent «du terrorisme».

Dans un éditorial, le quotidien Le Figaro, proche de l'opposition de droite, a dénoncé l'impuissance de la gauche au pouvoir face aux «fous d'Allah». «Oui, des +fous d'Allah+, hélas de nationalité française, peuvent frapper à tout moment sur le sol national, animés par un fanatisme mortifère et la détestation de ce que nous sommes», écrit le journal.

Le premier ministre a également souligné que le travail des services de renseignement était rendu plus compliqué face à une menace diffuse qui n'est plus l'expression d'une organisation terroriste bien identifiée.

En septembre, le groupe de l'État islamique, présent en Irak et en Syrie, avait appelé les musulmans à tuer de «n'importe quelle manière» les ressortissants de pays appartenant à la coalition internationale créée pour le combattre, et notamment les Français. Parmi ses consignes figurait celle d'utiliser une voiture ou un camion comme une arme.