L'Europe doit préparer un plan sur plusieurs années pour accueillir légalement réfugiés et migrants, seul moyen d'empêcher de nouveaux drames en Méditerranée, a déclaré vendredi à Rome François Crépeau, rapporteur de l'ONU pour les droits des migrants.

«Les migrants vont venir, de toute manière. Les passeurs prospèrent parce qu'il y a un marché, et ce marché existe parce que nous avons érigé des barrières», a déclaré M. Crépeau lors d'une conférence de presse après une visite de trois jours en Italie.

Alors qu'au moins 17 migrants sont morts jeudi à bord d'un canot au sud de l'île italienne de Lampedusa, apparemment de froid et de soif, il a aussi dit craindre que ces drames se multiplient avec la fin de «Mare Nostrum».

Cette opération de secours menée depuis octobre 2013 a représenté «un effort extraordinaire» de la part de l'Italie et une démarche «très courageuse politiquement, autant vis-à-vis de l'opinion publique nationale que de certains autres pays européens», a-t-il souligné en regrettant qu'aucun autre pays européen n'ait soutenu Rome.

Il s'est déclaré indigné par les propos de «responsables d'autres capitales européennes» disant «qu'il ne faut pas soutenir les opérations de secours parce que cela a un effet attractif».

«Certes, nous avons créé un système qui incite les migrants à faire appel aux passeurs. Mais la plupart d'entre eux viennent d'abord à cause d'effets répulsifs», a-t-il expliqué.

«À long terme, je ne pense pas que l'Europe puisse échapper à une politique commune de relocalisation des réfugiés», a-t-il souligné. «On ne peut pas avoir trois millions de réfugiés syriens dans des camps à notre porte et espérer qu'ils vont rester à pourrir là. Ils vont venir».

«Il serait bien mieux d'organiser cela, d'enregistrer les gens et de les répartir parmi les pays européens (...). Il serait bien mieux d'avoir un plan organisé pour les années qui viennent», a insisté l'expert de l'ONU.

Il a également appelé à la mise en place de mécanismes légaux d'immigration pour les travailleurs à bas salaire : «Aucun politicien ne peut le dire, mais nous avons besoin d'eux pour récolter les tomates ou prendre soin des personnes âgées».