Le Parlement de Catalogne a fait un nouveau pas mercredi en vue de l'organisation d'un référendum jugé anticonstitutionnel par Madrid sur l'indépendance de cette région, en validant la composition d'une commission de contrôle électoral.

Les parlementaires ont validé la composition de cette commission par 86 voix pour et 48 abstentions, passant outre la décision du Tribunal constitutionnel de suspendre lundi la loi et le décret régionaux permettant d'organiser cette consultation, dans l'attente de leur examen au fond d'ici cinq mois au plus tard.

Cette suspension a pour effet de rendre illégaux tous les actes préparatoires du référendum selon ses opposants, qui se sont bruyamment exprimés mercredi dans l'enceinte du Parlement.

«Le Parlement ne peut pas voter sur ce point», a déclaré Enric Millo, un élu du Parti populaire (PP, conservateur) au pouvoir, estimant que cela relevait «du non-respect d'une décision du Tribunal constitutionnel». Le député a menacé de saisir le parquet pour dénoncer cet acte illégal.

«Nous n'allons commettre aucune irrégularité», a répliqué Jordi Turull, porte-parole de la coalition CiU du président catalan Artur Mas, qui s'est par ailleurs prononcé contre la «désobéissance civile» prônée par certains indépendantistes.

D'ailleurs, la commission n'existe pas formellement puisqu'il faut pour la créer un décret que M. Mas n'a pas encore signé, ce qui, selon son camp, lui permet de rester dans la légalité.

La Catalogne, puissante région de 7,5 millions d'habitants du nord-est de l'Espagne, est en conflit depuis des années avec Madrid, qui lui refuse le droit de se prononcer unilatéralement sur son avenir.

Franchissant un nouveau pas dans la confrontation, Artur Mas a signé samedi un décret convoquant la consultation sur le point de savoir si ses habitants souhaitent vivre dans un État indépendant.

Dès lundi, le gouvernement conservateur espagnol a saisi le Tribunal constitutionnel, arguant de l'illégalité de ce décret. M. Mas a, quant à lui, promis de batailler devant le tribunal contre la suspension du décret et en attendant, a annoncé de son côté la suspension de la campagne officielle pour le référendum, afin d'éviter une fois encore de violer la légalité constitutionnelle.