L'économiste français Thomas Piketty dit espérer susciter «un combat plus éclairé» sur les inégalités avec son livre phénomène sur le sujet qu'il présentait mercredi à Londres à la veille de la sortie en librairies.

«Le livre (Le Capital au XXIe siècle, publié en septembre aux éditions du Seuil en France) arrive à un moment de préoccupations grandissantes sur les inégalités», a-t-il déclaré à l'AFP à l'issue d'une conférence à guichets fermés à Londres, organisée par un cercle de réflexion de gauche, l'Institut pour la Recherche sur la Politique Publique (IPPR).

«Ce que les gens aiment c'est qu'il s'agit d'une présentation lisible des questions qui préoccupent beaucoup de monde», a ajouté le chercheur, proche du Parti socialiste en France, mais très critique de François Hollande.

«Les inégalités ont toujours été une source de préoccupation mais ce qui est nouveau dans ce livre, c'est que j'ai réuni un grand nombre de données historiques. Jusqu'à récemment, il y avait relativement peu de preuves», a-t-il fait valoir.

Le livre, qui rassemble et analyse la répartition des richesses dans 20 pays depuis la fin du 18e siècle, conclut que «la concentration extrême des patrimoines menacent les valeurs de méritocratie et de justice sociale des sociétés démocratiques».

«Les gens savent au moins sur quoi ils se battent, cela ne va pas mettre un terme au combat politique sur les inégalités mais peut-être que nous aurons un combat plus éclairé, c'est au final tout ce que ce livre essaye de faire», a-t-il dit.

Reçu mi-avril à la Maison-Blanche et au ministère des Finances américain, M. Piketty a, depuis, écumé colloques et conférences aux États-Unis et maintenant en Europe, afin de dénoncer l'extrême concentration des richesses et plaider pour une plus forte taxation du capital via notamment un impôt mondial.

S'il a pu être taxé de nouveau marxisme, son imposant ouvrage (près de 1000 pages dans l'édition française) a notamment reçu les éloges de Paul Krugman, Prix Nobel d'économie et influent chroniqueur du New York Times, qui a assuré que ce livre «changeait la manière de réfléchir sur la société et de faire de l'économie».

Mercredi, l'OCDE, autrement dit le «club des pays les plus riches», a publié de nouvelles données statistiques montrant un bond des inégalités depuis le début des années 1980. L'organisation a diffusé une liste de propositions permettant selon elle de réduire les inégalités via la fiscalité.

A ce jour, près de 200 000 exemplaires du traité d'économie de Thomas Piketty ont été vendus aux États-Unis et au Royaume-Uni alors que l'ouvrage ne sort dans les librairies que jeudi en Grande-Bretagne, a indiqué à l'AFP une porte-parole de la maison d'édition américaine Havard University Press.