«Priez pour moi» : François a demandé jeudi sur Twitter aux catholiques de l'aider par la prière, après un an de pontificat couvert d'éloges, malgré quelques voix qui s'élèvent pour déplorer sa discrétion sur les sujets qui fâchent comme la pédophilie.

Déjà, le 17 mars 2013, le premier tweet du premier pape argentin de l'Histoire avait demandé aux fidèles de prier pour lui dans sa lourde tâche de chef d'une Église de 1,2 milliard de baptisés.

En retraite spirituelle, François a passé ce premier anniversaire dans la campagne romaine, avec les cardinaux de la Curie, loin des crispations que suscitent ses réformes au Vatican.

«Le pape n'a rien voulu faire de différent des autres jours», a expliqué à l'AFP son porte-parole, le père Federico Lombardi, soulignant qu'il avait «prié».

Des photos l'ont montré assis sur un banc dans une modeste chapelle, vêtu de blanc, au milieu des prélats en tenue noire très sobre.

Avec 82 membres de la Curie, le pape avait rejoint en autocar dimanche une maison religieuse au sud-est de Rome. Ils y suivent les exercices spirituels, auxquels se soumet chaque année la Curie avant Pâques, mais qui ont lieu pour la première fois hors du Vatican.

Cet éloignement l'arrange peut-être. François a jugé «offensant» d'être qualifié de «superman» par les médias.

Jorge Mario Bergoglio, 77 ans, qui mène une vie dépouillée dans un trois-pièces de la résidence Sainte-Marthe au Vatican, et a renoncé à la mosette (petite cape) rouge de son prédécesseur, jouit d'une popularité inédite.

Des messages de félicitations de conférences épiscopales, de responsables religieux et politiques, ont afflué au Vatican, mais François n'en prendra connaissance qu'après son retour vendredi.

Le patriarche orthodoxe de Moscou Cyrille a souligné «l'engagement de François à rendre plus claire la présence des idéaux de l'Évangile dans la société contemporaine».

Plus de 12 millions de «followers» suivent François sur Twitter, et si l'on compte les retweets, il est plus lu que le président américain Barack Obama.

Aux États-Unis, il a fait, comme homme de l'année 2013, la couverture de Time, et des magazines people branchés Esquire et Rolling Stone. En Italie, un hebdomadaire a vu le jour, «Il mio papa» («mon pape»).

Selon un sondage effectué auprès de 2171 personnes sur les sites des journaux catholiques Credere et Famiglia Cristiana, il est associé par 34,4 % des sondés à la figure du curé bon enfant Don Camillo (ami du maire communiste Peppone dans les films de Julien Duvivier) et par 20,2 % à Robin des bois, bandit qui prend aux riches pour donner aux pauvres.

La popularité de François contraste avec diverses crispations dans l'Église. Les réformes qu'il a lancées avec les réductions de postes qu'elles impliquent suscitent des inquiétudes. Tout comme son encouragement à des débats ouverts sur l'accès à la communion des divorcés remariés.

Andrea Tornielli, vaticaniste à La Stampa, a reconnu dans un entretien avec l'AFP qu'il y avait «des résistances».

Dans les milieux progressistes, François est vu positivement, mais une déception est perceptible face à l'absence de tournants forts.

À Buenos Aires, Cesar Cigliutti, président de la Communauté homosexuelle argentine, a déploré «l'absence de changement» et «la poursuite d'attitudes discriminatoires» du Vatican vis-à-vis des gais.

«Il y a une importante question à laquelle le pape François a manqué de répondre : comment l'Église peut-elle renforcer le rôle des femmes dans le processus de décision de l'Église?», s'est aussi demandé James Salt, directeur exécutif de la Catholics United Association américaine (progressiste).

Les associations d'anciennes victimes de prêtres pédophiles sont les plus sévères : «Il ignore la plus grosse crise de l'Église. Et ses récents propos pour la minimiser et détourner le blâme sont méprisables», a affirmé le réseau américain SNAP, l'appelant à démasquer «les évêques complices» des prêtres pédophiles.

Mais, de son côté, le théologien brésilien de la libération Leonardo Boff, jadis sanctionné par le Vatican, a parié que ce pape, «franciscain par son ouverture et sa proximité avec le peuple, serait «le premier d'une grande dynastie de papes du Tiers-Monde». Il a salué sa «révolution d'humanité» et son «acceptation des différences».

Le vaticaniste du quotidien La Croix, Frédéric Mounier, auteur du livre Le Printemps du Vatican, estime que François n'est pas «plus progressiste que son prédécesseur» sur les questions de moeurs. Il met en garde contre «un marché médiatique qui peut adorer une icône puis l'oublier et finir par la lyncher».