Les enseignants des collèges et lycées grecs ont ouvert le bal lundi pour une semaine de grèves dans la fonction publique touchée par un vaste plan de réorganisation auquel le gouvernement met la dernière main avant la visite imminente de la troïka.

De nombreux collégiens et lycéens du pays ont vu leurs cours réduits à la portion congrue suite à l'appel à la grève lancé pour toute la semaine par le syndicat des enseignants du secondaire OLME. Le mouvement est reconductible la semaine prochaine.

En fin de matinée à Athènes, environ 7000 fonctionnaires, selon la police, défilaient devant les ministères protégés par la police anti-émeutes.

Quelques incidents avaient éclaté en début de matinée devant le ministère de la Réforme administrative, accompagnés de jets de grenades lacrymogènes.

«Il est logique que la participation soit importante les premiers jours, mais nous ne tablons pas sur une mobilisation durable», assurait-on au ministère de l'Éducation, joint par l'AFP, précisant qu'aucune donnée ne serait publiée sur le pourcentage de grévistes.

«Non aux mises en disponibilité, licenciements, et mutations obligatoires», pouvait-on lire sur un tract du syndicat affiché sur la porte close d'un lycée du quartier aisé de Kolonaki, dans le centre d'Athènes.

Les revendications des enseignants sont nombreuses, mais leur inquiétude la plus immédiate tient à la mise en oeuvre d'un vaste de plan de restructuration de la fonction publique consenti par la Grèce au titre de ses engagements envers ses créanciers UE-BCE-FMI.

Dans ce cadre, plusieurs milliers de fonctionnaires, notamment enseignants et gardiens d'école, sont entrés dans un mécanisme de disponibilité depuis juillet.

Ces employés cessent d'occuper leurs fonctions en attendant de se voir proposer une mutation dans un autre service. Pendant les huit mois de cette disponibilité, ils sont payés 75% de leur salaire.

Les mises en disponibilité doivent atteindre 12 500 avant la fin du mois et 25 000 d'ici la fin de l'année pour remplir les objectifs que la troïka a assignés à la Grèce et qu'elle viendra contrôler lors d'une mission qui débute mardi.

L'ampleur de la mobilisation apparaît donc comme un test pour le gouvernement de coalition du conservateur Antonis Samaras qui se targue d'un climat social apaisé et d'une récession stabilisée.

Le vice-ministre de l'Éducation Simeon Kezikoglou a accusé dimanche les syndicats enseignants de mener une bataille politique, en prenant élèves et école en otage.

Alexis Tsipras, leader du principal parti d'opposition Syriza, a appelé élèves et parents à entrer dans «la grande bataille» des enseignants.

Le Syriza est en tête des intentions de vote de deux sondages récents, alors que les analystes politiques spéculent depuis plusieurs semaines sur la perspective d'élections législatives anticipées.

«Renversement de la politique gouvernementale de l'Union européenne et du FMI», proclamait la banderole de tête de la manifestation d'Athènes.

«On veut en finir avec l'inamovibilité des fonctionnaires. Le gouvernement a promis des mutations, mais cette réorganisation va conduire au chômage», estimait Savas Savas, président de la section syndicale de l'OLME au Pirée.

Tous les secteurs de la fonction publique doivent fournir leur écot au mécanisme de mise en disponibilité et chaque ministère veut défendre ses effectifs.

Un appel à la grève de l'ensemble de la fonction publique a été lancé pour mardi et mercredi par la principale centrale du secteur, l'Adedy.

Les enseignants du privé se joignent au mouvement pour deux jours, lundi et mardi. Les universités ne devraient pas non plus ouvrir de la semaine.

Les employés des caisses d'assurance chômage sont appelés à cesser le travail toute la semaine tandis que les médecins hospitaliers rejoindront le mouvement à partir de mardi et jusqu'à vendredi.