Seize Nigérians ont été inculpés pour traite d'êtres humains après le démantèlement d'un réseau de proxénétisme actif dans les régions de Rouen (nord-ouest) et Colmar (nord-est), a-t-on appris lundi de source policière.

«On a identifié une vingtaine de victimes, mais c'est très difficile de toutes les repérer», a indiqué une source policière.

Après six mois d'enquête, la police française a interpellé dans le courant de la semaine dernière 15 personnes dans la région de Rouen et une à Colmar. La police italienne a pour sa part arrêté une personne qui était partie en Italie la veille de l'opération.

«Elles ont toutes été mises en examen pour traite d'êtres humains en bande organisée et proxénétisme aggravé, et quinze ont été écrouées», selon cette source.

Parmi les personnes arrêtées figuraient des «mamas», chargées d'héberger et de contrôler les prostituées, mais aussi des hommes employés à la collecte et au blanchiment de l'argent ou bien des passeurs qui convoyaient ces femmes vers la France.

Les réseaux nigérians, qui gèrent des centaines de prostituées de rue en France, se distinguent par une forte spécialisation des tâches (certains membres se chargent du transfert des femmes, d'autres de leur exploitation, d'autres du blanchiment...).

Outre les violences physiques, ils imposent également un fort contrôle sur leurs victimes via le droit coutumier au pays, selon les associations d'aide aux prostitués et la police.

La plupart des femmes, qui sont originaires de Benin City (sud du Nigeria), s'engagent ainsi avant leur départ à rembourser une «dette de passage» de l'ordre de 50 000 euros (69 000$), lors de cérémonies rituelles qui sacralisent leur engagement. En cas de non-remboursement, les temples qui organisent ces cérémonies se chargent des représailles auprès des proches, selon les associations.