Les députés britanniques ont voté mardi en faveur du projet de loi autorisant le mariage homosexuel, après une bataille parlementaire difficile pour le premier ministre britannique David Cameron, accusé au sein de son parti d'avoir perdu le contact avec la base.

Au total, 366 députés ont voté en faveur du projet de loi et 161 s'y sont opposés.

À son passage précédent en février devant la Chambre des Communes, le texte avait été adopté par 400 voix contre 175, dont 136 députés conservateurs.

L'approbation de la Chambre des Communes à l'occasion de ce vote en troisième lecture intervient après le rejet lundi d'un amendement conservateur qui menaçait de retarder, voire de «faire dérailler» tout le projet de loi.

Son «sauvetage» est le résultat d'un accord passé avec le Labour, interprété comme un signe supplémentaire de la faiblesse du premier ministre, qui voit son autorité de plus en plus remise en cause au sein de son parti, le parti conservateur.

Cette validation ne marque toutefois pas la fin du parcours législatif du projet de loi, qui sera présenté dès mercredi devant la Chambre des Lords. La discussion à proprement parler y prendra place début juin, et pourrait donner lieu à une forte résistance, notamment de la part des évêques.

Si le mariage homosexuel ne suscite quasiment pas de remous dans l'opinion publique, qui lui est majoritairement favorable selon les sondages, le sujet déchire en revanche le parti tory. Et s'avère une nouvelle source de difficultés pour David Cameron, déjà soumis à une pression intense de l'aile droite de son parti à propos du référendum sur l'appartenance à l'Union européenne.

La colère dans les rangs conservateurs a dernièrement été attisée par des propos méprisants attribués dans la presse à un proche de David Cameron, qui aurait traité les militants du parti de «cinglés aux yeux qui divergent».

L'affaire a contraint le coprésident du parti, Andrew Feldman, qui a fréquenté avec M. Cameron le collège très huppé d'Eton, à formellement démentir avoir été l'auteur de ces paroles.

Dans une tentative de renouer avec ses troupes, David Cameron a quant à lui écrit lundi soir un courriel aux militants, pour rendre hommage à leur travail et à leur «sens du devoir».

«Je suis fier de diriger ce parti, je suis fier de ce que vous faites. Et je ne laisserai personne autour de moi (vous) mépriser», a-t-il assuré. «Nous formons une équipe, du conseil municipal au Parlement en passant par l'association locale, et je ne l'oublierai jamais», a-t-il promis.

Mais, à deux ans des élections législatives, de nombreux conservateurs s'alarment de la montée en puissance du parti populiste et europhobe Ukip, et jugent David Cameron de plus en plus déconnecté des préoccupations des électeurs conservateurs sur le terrain.

«Il y a un fossé grandissant entre lui et le parti», a affirmé le député conservateur Brian Binley sur la BBC, appelant à «plus de retenue de la part de la coterie qui se trouve dans l'entourage de la direction».

Un ancien président du parti conservateur, Norman Tebbit, a tourné en dérision toute réinterprétation du mariage, dans une interview accordée au journal pour sans-abri Big Issue : «Quand nous aurons une reine lesbienne qui décidera de se marier avec une autre femme, d'avoir un enfant à la suite d'un don de sperme, est-ce que cet enfant sera héritier du trône ?», a-t-il lancé, provocant.

S'il adoptait définitivement le projet de loi, le Royaume-Uni rejoindrait les 14 pays, dont la France depuis samedi, à avoir légalisé le mariage entre personnes du même sexe.

Mais au Royaume-Uni, le changement est avant tout symbolique, puisque les couples homosexuels ont déjà les mêmes droits parentaux que les couples hétérosexuels : ils peuvent adopter, recourir à la procréation médicalement assistée et à une mère porteuse, pourvu qu'elle ne soit pas rémunérée. Ils peuvent également s'unir depuis 2005 dans le cadre d'un partenariat civil.