En annonçant qu'il quittera ses fonctions papales dès le 28 février, Benoît XVI a surpris le monde entier ce matin. Voici les réactions de quelques grandes figures internationales à cette décision de Joseph Ratzinger, qui devient le premier souverain pontife «démissionnaire» en près de 600 ans.

Stephen Harper déplore la démission du pape

À l'instar d'autres leaders du monde, le premier ministre Stephen Harper s'est dit «stupéfait» d'apprendre le départ imminent du pape Benoît XVI de ses fonctions.

M. Harper, qui a obtenu une audience avec le pape en 2009, a soutenu que ce dernier «a consacré sa vie à servir Dieu et sa foi» et qu'il a été «un fidèle dirigeant».

«Laureen et moi avons été stupéfaits tôt ce matin en apprenant que la santé déclinante de Sa Sainteté le pape Benoît XVI l'avait incité à renoncer à ses fonctions», a affirmé le premier ministre dans un communiqué de presse.

«En tant qu'érudit et que théologien, le pape Benoît occupera toujours une place spéciale dans le coeur des Canadiens. En effet, c'est durant son pontificat que deux des nôtres, le Saint Frère André Bessette et Sainte Kateri Tekakwitha, ont été canonisés et que l'Archevêque Thomas Collins de Toronto a été élevé au rang de cardinal», a rappelé M. Harper.

Sur un ton plus personnel, le premier ministre a ajouté : «En 2009, ma famille et moi avons eu l'honneur d'obtenir une audience avec cet homme profondément spirituel et d'écouter ses paroles de foi, d'espoir et de charité. Laureen et moi nous joignons à tous les Canadiens pour souhaiter au pape Benoît tout le bien possible pour l'avenir.»

Selon le premier ministre, son départ causera un grand vide. «Il manquera à tous».



Le président français François Hollande



Le président français François Hollande a jugé lundi la décision du pape Benoît XVI de démissionner «éminemment respectable», en marge d'un déplacement en banlieue parisienne.

«Je n'ai pas de commentaire particulier sur cette décision qui est éminemment respectable et qui fera qu'un nouveau pape sera choisi», a déclaré M. Hollande devant la presse.

«La République salue le pape qui prend cette décision, mais elle n'a pas à faire davantage de commentaires sur ce qui appartient d'abord à l'Église», a-t-il insisté.

«C'est une décision humaine et une décision liée à une volonté qui doit être respectée», a enchaîné le président Hollande.

Le premier ministre britannique David Cameron

Le pape Benoît XVI «manquera comme chef spirituel à des millions de gens», a réagi le premier ministre britannique David Cameron, qui a salué les efforts du souverain pontife pour renforcer les relations du Vatican avec le Royaume-Uni.

«Il manquera comme chef spirituel à des millions de gens», a réagi le chef du gouvernement britannique dans un communiqué.

«J'adresse mes meilleurs voeux au pape Benoît XVI après son annonce aujourd'hui. Il a travaillé sans relâche à renforcer les relations de la Grande-Bretagne avec le Saint-Siège. Sa visite en Grande-Bretagne en 2010 est remémorée avec grand respect et affection», a-t-il ajouté.

Le voyage de quatre jours de Benoît XVI en Grande-Bretagne en septembre 2010, première visite d'État d'un pape au Royaume-Uni, avait été pour partie consacré au rapprochement des Églises catholique et anglicane, près de cinq siècles après la rupture voulue par le roi anglais Henry VIII.

Le pape avait estimé que ce voyage avait été «un événement historique marquant une nouvelle phase» dans les relations entre la Grande-Bretagne et le Vatican.

Le Grand rabbin d'Israël

Le pape Benoît XVI a amélioré les relations entre le christianisme et le judaïsme, contribuant à «une diminution des actes antisémites dans le monde», a déclaré lundi le Grand rabbin ashkénaze d'Israël, Yona Metzger.

«Sous son autorité, les relations entre le Grand rabbinat et l'Église, le judaïsme et le christianisme, sont devenues beaucoup plus étroites, ce qui a conduit à une diminution des actes antisémites dans le monde», a déclaré à l'AFP un porte-parole du Grand rabbin, citant celui-ci, en réaction à l'annonce de la démission de Benoît XVI.

«Nous sommes reconnaissants envers le pape Benoît pour tout ce qu'il a fait pour renforcer les liens entre les religions et promouvoir la paix interconfessionnelle», a ajouté le rabbin par l'intermédiaire de son porte-parole.

«Je lui souhaite bonne santé au fil des jours et des ans, et j'espère et je prie que son héritage va se poursuivre, et que l'orientation du Vatican, prise pendant son pontificat, et celui de son prédécesseur (Jean Paul II) va continuer», a-t-il ajouté.

Pour la communauté juive, l'un des accomplissements les plus importants de Benoît XVI aura été d'exonérer le peuple juif de la responsabilité de la mort de Jésus.

Dans un livre publié en 2011, le pape a écrit que «l'aristocratie du temple» à Jérusalem et «les masses» - et non pas «le peuple juif dans son ensemble» - étaient responsables de la crucifixion du Christ.

Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, avait alors salué le «courage» du pape et plusieurs autres responsables religieux juifs avaient estimé qu'il s'agissait d'une étape essentielle dans la lutte contre l'antisémitisme au sein de l'Église.

Le Congrès juif mondial a déclaré lundi dans un communiqué que Benoît XVI avait «porté les relations entre catholiques et juifs à un niveau sans précédent».

«Aucun pape avant lui n'avait visité autant de synagogues. Il a rencontré des représentants de la communauté juive à chaque fois qu'il s'est rendu à l'étranger. Aucun pape avant lui n'avait fait autant d'efforts pour améliorer les relations avec les juifs, sur autant de niveaux», a salué le texte.

Mgr André Vingt-Trois



Le chef de l'Église catholique française, Mgr André Vingt-Trois, a salué lundi la «décision lucide» et l'«acte particulièrement courageux» de Benoît XVI, qualifiant la renonciation du pape d'«événement considérable».

Si le pape reste «quelqu'un en pleine capacité intellectuelle», «nous avons pu constater que son endurance physique était très éprouvée», a ajouté le prélat, évoquant notamment sa «capacité de locomotion».

«Pour nous chrétiens, et plus particulièrement pour nous évêques, il s'agit d'un événement tout à fait considérable, en raison de son caractère exceptionnel, mais aussi de la personnalité du pape Benoit XVI», a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse.

Sa décision est «tout à fait exceptionnelle» puisqu'une démission de pape ne s'est «pas produite dans l'Église depuis le XVe siècle», a-t-il souligné. «Benoît XVI brise un tabou, il a rompu avec plusieurs siècles de pratique», a-t-il insisté.

Il a salué à la fois «un grand théologien et un professeur éminent en Allemagne», bien avant sa papauté, rappelant que dans les années 1970, les chrétiens de France «s'arrachaient» ses écrits.

Il a également évoqué «son engagement, à travers notamment ses discours, sur le thème de la rencontre et de l'articulation de la foi et de la raison, un thème prioritaire de son engagement pédagogique comme pape».

Les évêques espagnols orphelins

Les évêques espagnols se sentent «comme orphelins» après l'annonce de la démission du pape Benoît XVI, a déclaré lundi le cardinal Antonio Maria Rouco Varela, le président de la Conférence épiscopale espagnole.

«Nous sommes affligés et comme orphelins après cette décision qui nous remplit de peine», a déclaré le responsable religieux, dans un communiqué signé de son nom, publié sur le site internet de la Conférence.

«Je m'empresse d'exprimer au Saint-Père, en mon nom et en celui de tous les évêques membres de la Conférence épiscopale espagnole, notre plus profonde gratitude pour l'immense service qu'il a rendu à la Sainte Église au cours de ces intenses années de pontificat», a-t-il ajouté.

«Dans le même temps, nous acceptons la volonté du Saint-père avec une révérence filiale», a également déclaré le cardinal.

- Avec AFP