L'acteur français Gérard Depardieu, qui possède depuis peu un passeport russe, a critiqué dimanche l'opposition en Russie et défendu la position du Kremlin vis-à-vis des jeunes femmes incarcérées du groupe de rock Pussy Riot, à la télévision russe.

«L'opposition russe n'a pas de programme, rien, il y a des gens intelligents comme Kasparov (ancien champion du monde d'échecs passé à l'opposition, NDLR), mais c'est bien pour les échecs et c'est tout», a déclaré l'acteur dans une interview à une chaîne publique russe donnée à Bakou, en Azerbaïdjan, où il participe à un documentaire sur Alexandre Dumas et le Caucase.

«Mais la politique, c'est beaucoup plus compliqué», a-t-il ajouté, dans des propos traduits en russe.

L'un des chefs de file de l'opposition, Sergueï Oudaltsov, a ironisé sur ces propos et invité Depardieu à la prochaine manifestation de l'opposition.

«Si Gérard Depardieu reçoit la nationalité russe, s'intéresse à notre vie politique (...), pourquoi ne pas l'inviter? Nous serons heureux de le voir à la prochaine action, il sera le bienvenu», a-t-il déclaré, cité par l'agence Ria Novosti.

Dans des propos tenus en dehors de l'interview, lors d'une conversation avec le journaliste filmée par une autre personne au téléphone portable, sans qu'il soit possible d'assurer qu'il était conscient d'être enregistré, Gérard Depardieu aborde ensuite la question des Pussy Riot.

Il estime que les Français aimaient bien critiquer, citant l'exemple du groupe contestataire russe dont deux membres ont été condamnées à deux ans et demi de camp pour «hooliganisme» et «incitation à la haine religieuse» après avoir chanté une prière anti-Poutine dans une cathédrale à Moscou.

«Imaginez si ces filles étaient allées par exemple dans une mosquée. Elles n'en seraient pas sorties vivantes. Même dans le monde catholique, cela aurait été terrible. Mais quand je dis ça en France, on me prend pour un idiot», a-t-il dit.

«Je tombe de scooter, mais je suis un homme vivant au bout du compte. Malheureusement, les masses sont bêtes, seule la personnalité est formidable, surtout quand elle est intrépide», a-t-il ajouté.

L'acteur a par ailleurs salué la culture russe, évoquant le danseur Rudolf Noureev, ou encore le chef d'orchestre Valeri Guerguiev.

«Il faut être très fort» pour «être Russe», a-t-il déclaré.

«Grâce au président Poutine, les dessins animés russes sont de retour sur les écrans, on rapatrie en Russie la collection de Rostropovitch. Je connais beaucoup de Russes en France, et pas uniquement en France, qui sont rentrés en Russie parce que la chaleur humaine leur manquait», a-t-il encore dit.

Gérard Depardieu, 64 ans, a obtenu début janvier la nationalité russe, sur décision de Vladimir Poutine, après avoir annoncé qu'il quittait la France pour échapper à des impôts qu'il juge trop lourds, puis qu'il renonçait à son passeport français parce qu'il estimait avoir été injurié par le premier ministre français Jean-Marc Ayrault.

Peu après, l'acteur s'était félicité du geste de M. Poutine dans une lettre aux médias russes où il exprimait son amour pour la Russie, une «grande démocratie» selon lui, et son admiration pour le président russe, provoquant un tollé en France.

Interrogé dimanche, le ministre français des Affaires étrangères a indiqué avoir évoqué vendredi avec son homologue russe Sergueï Lavrov le cas Depardieu lors d'une conversation consacrée à la Syrie et aux relations franco-russes.

«Je n'ai pas du tout le sentiment que de la part des Russes, il s'agissait de faire une mauvaise manière à la France, ce n'était pas du tout leur idée», a déclaré M. Fabius.