Des dizaines d'opposants russes, parmi lesquels les leaders de l'opposition Alexeï Navalny et Sergueï Oudaltsov, ont été interpellés samedi à Moscou lors d'un rassemblement dispersé par la police, marquant le premier anniversaire du mouvement de contestation contre Vladimir Poutine.

Environ 700 personnes, selon la police, près d'un millier selon une journaliste de l'AFP sur place, ont afflué autour de la place Loubianka où se trouve le siège des services de sécurité (FSB, ex-KGB), en présence d'un très important dispositif policier et malgré une température de -15 degrés.

La place était bouclée par de nombreux fourgons de police. Les autorités avaient interdit toute manifestation sur la place, mais un rassemblement sans slogans, à proximité, a été toléré pendant près de trois heures.

Néanmoins, «après plusieurs mises en garde de la police sur le fait que cette action n'était pas autorisée (...), environ 40 personnes ont été appréhendées», a indiqué la police dans un communiqué.

Des manifestations ont été organisées dans d'autres villes de Russie, notamment à Saint-Pétersbourg (nord-ouest), Perm (Oural) et Tomsk (Sibérie).

Le nombre de participants était en nette baisse par rapport au début de la contestation en décembre 2011, le mouvement semblant s'essouffler en raison du caractère hétérogène de l'opposition et de la répression visant les opposants au régime.

À Moscou, plusieurs leaders de l'opposition ont été interpellés par la police, tandis qu'un hélicoptère survolait la zone.

«C'est une tradition, un tweet qui n'a rien d'original, depuis le fourgon de police», a écrit l'avocat et blogueur anti-corruption Alexeï Navalny sur son compte Twitter, en référence à d'autres manifestations lors desquelles il avait été également appréhendé.

«On m'a extirpé de la foule, c'est complètement absurde», a-t-il protesté.

Le leader du Front de gauche, Sergueï Oudaltsov, a été appréhendé après avoir déposé des fleurs devant le monument des Solovki -- à la mémoire des victimes des répressions staliniennes -- près de la place Lioubanka.

«J'ai expliqué pourquoi je suis venu ici, je n'ai lancé aucun appel, mais on m'a arrêté sans aucune raison», a déclaré M. Oudaltsov, cité par l'agence Ria Novosti.

Un des dirigeants du mouvement d'opposition libérale Solidarnost Ilia Iachine, et la présentatrice vedette de la télévision russe Ksenia Sobtchak ont également été appréhendés.

«On dirait que je suis une dangereuse criminelle», a écrit Mme Sobtchak sur son compte Twitter.

Pour se réchauffer, certains participants se sont donné la main et ont dansé le Khorovod, une danse traditionnelle russe, en chantant des slogans tels que «La Russie sera libre» autour du monument des Solovki.

Deux heures après le début du rassemblement, la police a commencé à évacuer la place et à interpeller des participants pendant que d'autres criaient «honte!».

Au bout d'une demi-heure, les environs de la place Loubianka étaient vides.

Les leaders de l'opposition conduits au poste de police devaient être relâchés dans la soirée, a indiqué M. Oudaltsov.

L'opposition envisageait initialement d'organiser une manifestation dans le centre de Moscou, mais la municipalité a refusé les itinéraires proposés par les opposants.

À Saint-Pétersbourg, un peu plus d'un millier de personnes ont participé à une manifestation et une vingtaine ont été interpellées, selon la police.

Ces rassemblements marquent le premier anniversaire du début du mouvement de contestation sans précédent contre Vladimir Poutine, arrivé au sommet du pouvoir en 2000.

«Rien n'a changé depuis un an, nos exigences n'ont pas été satisfaites et il y a de nouveau des prisonniers politiques», a déclaré à l'AFP l'un des manifestants à Moscou, Ilia, 48 ans, ingénieur.

Il y a un an, une vague de contestation d'une ampleur jamais vue depuis l'arrivée au pouvoir de M. Poutine s'était développée après les législatives de décembre 2011 remportées par le parti Russie unie au pouvoir et entachées de fraudes, selon l'opposition qui réclamait notamment un nouveau scrutin.

La plus importante manifestation avait rassemblé quelque 120 000 personnes dans les rues de Moscou contre l'homme fort du pays.

Après le retour au Kremlin en mai de Vladimir Poutine pour un troisième mandat de président après ceux de 2000-2008 et un intermède de premier ministre, les autorités ont réagi avec fermeté face à la contestation.

Des centaines de manifestants ont été interpellés, des dizaines arrêtés et emprisonnés, certains d'entre eux risquant plusieurs années de camp pour «participation à des troubles massifs».