La justice française a évoqué le risque d'une «action terroriste imminente» pour maintenir hier en détention une douzaine d'hommes qui avaient été appréhendés samedi dans le cadre d'une vaste opération policière.

Le procureur de la République de Paris, François Molins, a expliqué que les dispositions de la loi permettant de prolonger le maintien en garde à vue de suspects au-delà de 96 heures avaient été utilisées «exceptionnellement».

La décision, a-t-il souligné en conférence de presse, découle de la «dangerosité extrême» du groupe. Ses membres préparaient, au dire des autorités, une vague d'attentats contre des organisations juives.

Lors de perquisitions menées dans la nuit de mardi à hier à Torcy, en Seine-et-Marne, les enquêteurs ont saisi des armes ainsi que plusieurs produits pouvant servir à «la fabrication d'engins explosifs», dont du nitrate de potassium.

Celui que l'on croit avoir été le meneur du groupe, Jérémie Louis-Sidney, a été abattu samedi à l'issue d'un affrontement avec les forces de l'ordre survenu à Strasbourg. La famille de l'homme de 33 ans a annoncé dans la foulée qu'elle songeait à porter plainte pour «homicide volontaire», mais elle s'est ravisée depuis.

Profil des suspects

La justice française affirme que les suspects appréhendés sont des hommes de 19 à 25 ans avec un passé de délinquance qui se sont convertis à l'islam avant de se radicaliser.

Les enquêteurs ont été mis sur leur piste à la suite d'une attaque survenue à la mi-septembre contre une épicerie casher de Sarcelles, en banlieue parisienne. Deux hommes masqués avaient alors lancé un engin explosif dans le commerce avant de prendre la fuite. Une personne avait été blessée.

Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a indiqué qu'il fallait être conscient de la menace posée par le «terrorisme intérieur». Il existe selon lui «plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines» de Français radicalisés susceptibles de s'organiser comme les membres de la cellule ciblée samedi. L'endoctrinement survient souvent en milieu carcéral ou par l'entremise de l'internet, a noté le politicien.

«Rien ne doit passer»

«Rien ne doit être toléré, rien ne doit passer» en matière de racisme et d'antisémitisme, a déclaré pour sa part le président François Hollande, qui a rencontré les dirigeants de plusieurs organisations juives en fin de semaine pour tenter de les rassurer. Il a promis notamment un renforcement de la protection des lieux de culte.

La communauté juive avait été ciblée en France par un jeune jihadiste, Mohamed Merah, qui avait tué des élèves d'un établissement scolaire de Toulouse après avoir abattu des militaires. Il avait ensuite été tué par les forces spéciales d'intervention à son appartement à l'issue d'un long siège.

Le procureur Molins avait décrit Merah comme un cas «d'autoradicalisation salafiste atypique» qui le rendait difficile à détecter. Des notes de la Direction centrale du renseignement intérieur divulguées par la suite ont démontré qu'il était surveillé depuis longtemps par les autorités et avait été identifié comme «cible privilégiée» dès l'été 2011.