L'Union pour un mouvement populaire (UMP) est partagée sur l'attitude à adopter à l'égard du Front national en prévision du second tour des élections législatives françaises.

Alors que les ténors du parti excluent toute alliance avec la formation d'extrême droite chapeautée par Marine Le Pen, des candidats qualifiés pour le second tour du scrutin ont affirmé hier qu'ils songeaient à se désister pour faire battre la gauche.

C'est le cas notamment dans les Bouches-du-Rhône où le candidat UMP, Roland Chassain, a confirmé en après-midi qu'il se retirerait pour faciliter la victoire du représentant du Front national devant un candidat socialiste.

M. Chassain avait fait des vagues avant le premier tour en relevant dans une entrevue à une revue d'extrême droite qu'il était «beaucoup plus proche» par ses positions du camp frontiste que du Parti socialiste et qu'il n'hésiterait pas à soutenir le premier au détriment du second.

L'ex-ministre Nadine Morano, en position difficile, a par ailleurs appelé les électeurs frontistes à la soutenir au second tour en relevant qu'ils partageaient «les mêmes valeurs».

Le Front national a réussi à maintenir des candidats dans plus d'une soixantaine de circonscriptions à l'issue du premier tour de dimanche, dont une trentaine où doivent se tenir des «triangulaires» réunissant trois élus.

Dès dimanche soir, la première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, a appelé au «désistement républicain» pour «faire barrage au Front national».

Elle a confirmé hier cet engagement en annonçant que la formation de gauche retirerait le candidat socialiste qualifié dans une circonscription du Vaucluse où la nièce de Marine Le Pen est arrivée en tête devant un candidat de l'UMP.

L'extrême gauche dérange

Elle s'est moquée du même coup des hésitations des dirigeants de l'ancien parti du président sortant, Nicolas Sarkozy, qui avaient convoqué un bureau politique hier après-midi pour décider de la marche à suivre.

«Nous n'avons pas besoin de réunir le comité politique comme le fait aujourd'hui l'UMP pour prendre une position qui a toujours été la nôtre, le désistement républicain. Nous appelons à faire battre le Front national», a-t-elle prévenu.

Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, a déclaré à l'issue de la réunion que les candidats du parti seraient maintenus partout où c'est possible et qu'il n'y aurait pas d'appel à voter pour la gauche quand un candidat socialiste se retrouve en duel avec un représentant frontiste. M. Copé a souligné que le Parti socialiste s'était allié avec «l'extrême gauche de Jean-Luc Mélenchon» pour expliquer la réserve de sa formation devant l'idée de soutenir un «front républicain» contre l'extrême droite.

Un récent sondage indique que les deux tiers des électeurs de l'UMP sont favorables à des accords de désistement mutuel avec le Front national pour bloquer la gauche.

En raison de la nature du scrutin uninominal à deux tours, le Front national ne peut espérer gagner plus qu'une poignée de sièges à l'issue des élections. Le Parti socialiste est en bonne position pour remporter une majorité confortable avec l'aide de ses alliés écologistes, dimanche prochain.