Le parti du président Serge Sarkissian a remporté les élections législatives de dimanche en Arménie, selon les résultats publiés lundi, lors d'un scrutin aux allures de test, mais qui a été miné, par des manquements à la démocratie, a estimé l'OSCE.

Le Parti républicain de M. Sarkissian arrive en tête avec 44,05% des voix, suivie par son allié dans la coalition gouvernementale, le mouvement Arménie Prospère, dirigé par un millionnaire et ex-champion de bras de fer, Gaguik Tsaroukian, qui recueille 30,20% des suffrages, après dépouillement de tous les bureaux de vote.

En troisième position, le mouvement d'opposition Congrès national arménien, dirigé par un ancien président, Levon Ter-Petrossian, fer de lance de la contestation en 2008, obtient 7,10% des voix, selon ces résultats publiés sur le site de la Commission centrale.

Trois autres parties, Héritage, la Fédération révolutionnaire arménienne et État de droit, ont réussi à dépasser le seuil des 5% et devraient obtenir des sièges à l'Assemblée.

L'Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe (OSCE) a estimé dans un rapport lundi que les élections avaient été minées par des manquements à la démocratie et que les «engagements internationaux pris par l'Arménie n'avaient pas été respectés».

Le scrutin de dimanche était considéré comme un test pour cette ex-république soviétique du Caucase, dont c'est la première élection au niveau national depuis la présidentielle de 2008.

À l'époque, la victoire de M. Sarkissian avait déclenché des manifestations de l'opposition qui ont dégénéré en affrontements après l'intervention de la police, faisant 10 morts.

«L'Arménie mérite d'être saluée pour ses réformes électorales et la campagne qui s'est déroulée dans une ambiance pacifique et transparente, mais plusieurs acteurs du processus ont souvent échoué à respecter la loi et les commissions électorales ont échoué à la faire respecter», ont déclaré les observateurs de l'OSCE dans un communiqué.

L'OSCE a par ailleurs déploré la pression exercée sur les électeurs qui a créé «des inégalités» dans la campagne ainsi que le manque de «confiance» des Arméniens dans le processus électoral.

Les autorités de ce pays de 3,3 millions d'habitants avaient promis des élections transparentes et démocratiques pour l'attribution des 131 sièges de l'Assemblée nationale et éviter de nouveaux débordements.

«Je veux que tout soit calme, pacifique et en conformité avec la loi aujourd'hui. C'est la garantie pour le progrès», avait déclaré dimanche soir le président Sarkissian.

Une alliance d'observateurs composée d'Arménie Prospère et du mouvement Congrès national arménien a cependant exprimé «des doutes sur la légitimité du processus électoral».

Le mouvement Congrès national arménien a dès lors appelé à une manifestation à Erevan mardi soir.

La campagne électorale a été dominée par les problèmes économiques de ce pays confronté à un important chômage, à la corruption, et qui pâtit de la fermeture de ses frontières avec l'Azerbaïdjan et la Turquie en raison d'un conflit territorial.

L'Azerbaïdjan et l'Arménie se disputent depuis la chute de l'URSS le contrôle du Nagorny-Karabakh, une région sécessionniste azerbaïdjanaise peuplée majoritairement d'Arméniens.

Par ailleurs, la Turquie, alliée de Bakou, et l'Arménie sont divisées sur la question du génocide arménien sous l'Empire ottoman (1915-1917).