Les Belges, unis dans la douleur, ont observé vendredi une minute de silence dans tout le royaume pour rendre hommage aux 22 enfants et aux six adultes qui ont perdu la vie dans un terrible accident de bus mardi en Suisse.

Les dépouilles des 28 victimes ont été rapatriées de Suisse dans la matinée tandis que les enfants blessés continuaient à arriver en Belgique pour retrouver leur famille.

>>> Réagissez sur le blogue de Richard Hétu

À 11 h, précises (6h, heure de Montréal), le pays s'est figé. La minute de silence a été observée dans tout le royaume, en Wallonie francophone comme en Flandre néerlandophone. Les églises catholiques ont ensuite sonné le glas.

Pour cette journée de deuil national, un événement symbolique exceptionnel en Belgique, les drapeaux de tous les bâtiments officiels mais aussi des ambassades ou des institutions européennes étaient en berne. Ils le resteront toute la journée de samedi.

L'émotion était particulièrement intense aux écoles primaires de Heverlee (centre) et de Lommel (nord-est), où étaient scolarisés les 46 enfants qui se trouvaient dans l'autocar. Leurs camarades se sont rassemblés dans les cours de ces établissements en se tenant la main tandis que des adultes pleuraient.

À Lommel, 15 élèves et deux adultes de l'école ont péri et il ne reste que six survivants.

Dans ce bourg situé à proximité des Pays-Bas, les employés municipaux se sont rassemblés devant la mairie dans un silence total. «Toute la ville, toute la province, toute la Belgique soutient les familles. C'est très important», a résumé un passant, Dirk De Vroeve.

À Heverlee, les enfants de l'école ont lâché des ballons blancs auxquels étaient accrochés des messages juste après la minute de silence.

Des membres des familles royales belge et néerlandaise ont prévu de se rendre à Lommel et Heverlee mercredi prochain, à la demande des parents des victimes, pour une cérémonie d'hommage.

À Bruxelles, le premier ministre Elio Di Rupo s'est recueilli dans la cour du siège du gouvernement avec les membres de son cabinet et de l'administration.

Pour une minute, la capitale s'est immobilisée, les bus, trams et métros stoppant leur moteur et les usagers interrompant leurs conversations. Près de la Grand Place, la petite statue du Manneken Pis, symbole de la ville, portait un brassard noir.

Peu avant le recueillement des Belges, les deux avions C-130 transportant les corps des 28 victimes ont atterri sur la base militaire de Melsbroek, près de Bruxelles.

Les effets personnels des victimes décédées ont suivi dans un troisième vol.

Les cercueils ont été ramenés sous escorte, vers Lommel (17 décédés), Heverlee (9 décédés) et Aarschot (d'où étaient originaires les deux chauffeurs du car). Six des morts de Lommel sont de nationalité néerlandaise.

Les corps doivent être remis à leur famille dans la discrétion. Chacune des familles pourra alors poursuivre son deuil de la manière qu'elle jugera la plus appropriée, ont précisé les autorités belges. Le gouvernement s'est interdit de prendre des dispositions à leur place à propos des funérailles.

Six vols d'avions médicaux sont attendus dans la journée pour transporter 14 blessés (5 de Lommel et 9 d'Heverlee), qui seront soignés à l'hôpital de Louvain. Six enfants étaient déjà arrivés jeudi tard.

Quatre enfants resteront hospitalisés en Suisse jusqu'à ce que les médecins jugent leur état satisfaisant pour assurer leur transport.

Les écoles primaires de Heverlee et de Lommel, gérées par l'enseignement catholique flamand, sont devenues des lieux de pèlerinage. Les fleurs, des dessins, des peluches et des bougies ont été déposés sur plusieurs dizaines de mètres devant les grilles.

Un rare mouvement d'empathie et de solidarité s'est levé dans un pays qu'on décrivait il y a peu comme irréductiblement divisé. La presse belge, parfois incrédule, relevait que les gestes de solidarité se sont multipliés de part et d'autre de la frontière linguistique qui corsète d'ordinaire la Belgique.

En Suisse, la police poursuivait l'enquête pour déterminer les causes de l'accident survenu dans le tunnel de Sierre.

Concernant l'hypothèse, évoquée dans la presse, que le chauffeur avait voulu enclencher un DVD juste avant le drame, le chef de la police locale a indiqué qu'il n'allait pas s'exprimer là dessus. «Tous les témoignages des enfants sont pris en compte avec tout le sérieux possible», a-t-il ajouté.