Lorsque le journaliste Robert Chesal a diffusé, au début de 2010, les témoignages de quelques hommes qui relataient avoir été agressés dans les années 60 dans un séminaire géré par l'ordre des Salésiens, il savait que l'histoire ne passerait pas inaperçue.

Mais le reporter de la radio nationale néerlandaise, qui travaillait de concert avec un collègue d'un quotidien influent, ne s'attendait pas à la déferlante qui a suivi.

«En une semaine et demie, nous avons reçu 70 nouveaux témoignages de gens qui disaient avoir été agressés», relate M. Chesal.

Selon le journaliste, la divulgation à l'époque de plusieurs cas d'agressions présumées en Allemagne a aidé à délier les langues devant un problème qui semblait concerner surtout les pays anglo-saxons.

L'âge des plaignants a aussi joué dans leur décision de rompre le silence. «Beaucoup m'ont dit qu'ils ne voulaient pas parler avant que leurs parents ne soient morts, parce qu'ils ne voulaient pas leur faire sentir qu'ils avaient échoué en ne les protégeant pas correctement comme enfant», relate M. Chesal.

La rapidité de communication rendue possible par l'internet a également accéléré la collecte des témoignages et le réseautage entre victimes.

Les reportages se sont multipliés, faisant monter la pression sur l'Église catholique et ses dirigeants. C'est en réponse à l'ampleur de la controverse que l'institution a décidé de mettre sur pied, en 2010, une commission d'enquête qui a rendu ses conclusions en décembre.

L'auteur du rapport insiste dans ses conclusions sur le fait que les agressions sexuelles étaient répandues dans la société néerlandaise en général. Et que les médias devaient prendre garde, à ce titre, de donner l'impression que seules les institutions catholiques étaient concernées.

Robert Chesal estime que l'attention accordée à l'Église catholique est tout à fait normale puisque les prétentions morales de l'institution, «qui veut dire aux gens comment ils devraient vivre», donnent une portée particulière à ses dérapages.