Malgré la vague de protestation sans précédent à laquelle il fait face, Vladimir Poutine n'a pas l'intention de retirer sa candidature à la présidence. Dans son programme électoral, dévoilé hier en vue de l'élection du 4 mars, l'homme fort du pays promet que, à l'avenir, les petites et grandes décisions nationales feront «obligatoirement» l'objet de discussions avec les différents acteurs de la société.

Bref, Vladimir Poutine - dont la parole a pratiquement force de loi depuis une décennie - demande à ses concitoyens de croire qu'il est prêt à les écouter, voire à faire des compromis. S'il reprend la présidence, qu'il a occupée de 2000 à 2008, il a l'intention de créer des «mécanismes réels de contrôle des activités des autorités» par la société civile.

Il compte également relâcher sa poigne. La Russie devra «renoncer à sa tendance excessive à la répression», écrit Poutine qui, depuis plus d'une décennie, n'a eu de cesse de neutraliser ses opposants afin d'asseoir son pouvoir personnel.

La plupart des promesses de son programme portent toutefois sur des sujets concrets et populaires -voire populistes-, comme la poursuite de la hausse des rentes de retraite et des salaires, ainsi qu'un meilleur contrôle des prix des services communautaires.

Pas de débats

Par contre, les électeurs n'auront pas le loisir de voir leur très probable futur président défendre son programme devant ses adversaires: Poutine a fait savoir qu'il n'a pas l'intention de participer à des débats télévisés. Raison invoquée: il devrait pour cela prendre quelques jours de congé de son poste de premier ministre, ce qui l'empêcherait de bien servir les contribuables.

«Dans les 6 prochaines années, Vladimir Poutine veut faire ce que, pour une raison inexplicable, il n'a pas fait dans les 12 dernières années», a ironisé hier le chroniqueur politique Andreï Kolesnikov sur le site du journal Novaïa Gazeta. «C'est le programme d'un tsar-père-de-la-nation qui distribue lui-même tout à tout le monde.»

À peine le site de campagne du candidat Poutine (putin2012.ru) avait-il été mis en ligne, hier après-midi, que les internautes ont répondu à son appel au dialogue. Parmi les «suggestions» les plus populaires selon le vote en ligne: que le candidat Poutine se retire de la politique afin «de ne pas pousser la situation jusqu'à la révolution».

Après deux rassemblements de plusieurs dizaines de milliers de personnes à Moscou en décembre, l'opposition russe compte descendre de nouveau dans la rue le 4 février pour exiger des «élections honnêtes» et une «Russie sans Poutine».