L'humour et la politique ne font pas bon ménage en France depuis quelques années, et ce n'est pas la tension suscitée par la proximité de l'élection présidentielle qui risque de faciliter les choses.

En témoigne notamment la guerre faisant rage depuis une semaine entre la ministre Nadine Morano, connue pour ses sorties à l'emporte-pièce, et l'humoriste Sophia Aram, qui a demandé lundi dans une lettre ouverte la démission de la politicienne.

«Qu'elle se reconvertisse au théâtre des Deux ânes, ou qu'elle ouvre une pizzeria, mais qu'elle démissionne», a-t-elle lancé à l'encontre de Mme Morano, en insistant au passage sur sa «vulgarité».

La ministre, adepte de Twitter, a rétorqué en mettant brièvement en ligne durant la nuit un message renvoyant à un article qui traitait des difficultés judiciaires de la mère de l'humoriste.

«En politique, il faut savoir prendre de la hauteur. Une règle que la ministre a visiblement oubliée lundi soir lorsqu'elle a posté son message», a relevé hier France Soir.

L'affrontement a débuté la semaine dernière après que Mme Aram se fut moquée sur les ondes de France Inter de déclarations passées de Mme Morano alors que la ministre était en studio avec elle.

L'humoriste a notamment rappelé une déclaration controversée de la politicienne dans laquelle elle semblait caricaturer les jeunes musulmans. Elle a aussi ironisé sur un livre où on évoquait la ministre avec enthousiasme. Selon l'humoriste, l'auteur confondait «vulgarité et popularité» en parlant de la ministre.

Piquée au vif, Nadine Morano a attaqué l'humoriste en ondes. Elle a déclaré plus tard dans la journée qu'elle avait reçu de la part du directeur de France Inter, Philippe Val, des excuses pour les propos tenus.

Sophia Aram affirme que le directeur n'a pas présenté d'excuses et que l'appel n'avait été fait que «par politesse».

Autres démêlés

L'algarade entre Sophia Aram et Nadine Morano rappelle les démêlés de l'ancien humoriste de France Inter, Stéphane Guillon, qui a quitté la station à la fin de son contrat à l'été 2010 en se disant victime d'un règlement de compte politique.

Il avait notamment croisé le fer avec le ministre de l'Immigration de l'époque, Éric Besson, caricaturé en ondes comme un «agent infiltré» de l'extrême droite. Le politicien outré l'avait accusé dans une lettre ouverte d'utiliser «des méthodes et des propos de facho, mal déguisés sous un look bobo et une vulgate supposée gaucho».

M. Guillon avait aussi suscité l'ire de la classe politique un an plus tôt en se moquant copieusement de l'appétit sexuel de Dominique Strauss-Kahn, qui a été contraint de partir.