La vie a lentement repris son cours mercredi à Liège, en Belgique, où quatre personnes ont été tuées la veille par un homme de 33 ans bien connu de la justice, mais de nombreux habitants choqués avaient du mal à «digérer» cet événement vécu comme une tragédie.

Les bus circulent à nouveau sur la place Saint-Lambert, la plaque tournante des transports en commun de la ville, 24 heures après que Nordine Amrani, un soudeur, grand amateur d'armes, et déjà condamné pour des affaires de moeurs et de drogue, a lancé quatre grenades et tiré sur la foule au fusil automatique, faisant trois morts et 125 blessés, selon un bilan officiel qui pourrait encore s'alourdir.

Une quatrième victime du tireur, une femme âgée de 45 ans, tuée par balle, a par ailleurs été découverte dans un hangar attenant à son domicile, qu'il utilisait notamment «pour la culture de cannabis».

L'homme, qui s'est suicidé sur place, avait choisi l'un des endroits les plus fréquentés de la ville, à une heure de pointe qui plus est.

Sous une pluie battante et froide, des Liégeois de tous âges attendent, plus calmes que d'habitude, dans des abribus dont les vitres ont été soufflées par les explosions de la veille.

Des bouquets, des peluches, des bougies et des petits mots ont été déposés à proximité des arrêts de bus et sur une palissade montée par les autorités.

«On est choqué, triste, un peu perdu», expliquent Sabine, Nadège et Anne-Sophie, trois collégiennes qui se trouvaient dans le centre de Liège mardi à la mi-journée et qui racontent avoir «eu très peur» lorsqu'elles ont entendu les coups de feu.

«On ne sait pas comment réagir, on est très énervé contre cet homme, on est triste pour les familles... les émotions sont mélangées, on a encore du mal à croire que c'est arrivé ici», confie Sabine.

Là où des foules paniquées couraient en tous sens la veille, lorsque des rumeurs évoquaient la présence de plusieurs tueurs, des chasses à l'homme ou la présence de «snipers» sur les toits, les gens vaquaient à nouveau à leurs activités habituelles, se rendant au travail ou dans les magasins.

Les échoppes du marché de Noël, qui occupe une partie de la place Saint-Lambert et qui était fermé mardi en raison d'un avis de tempête, ont rouvert, mais étaient peu fréquentées. Le ciel gris, la pluie et les événements de la veille, dans toutes les conversations, contribuaient à rendre l'atmosphère maussade, comme dans un roman de Simenon dont la maison natale est située à seulement 200 mètres de la place.

Un registre de condoléances a été mis à la disposition de la population dans la salle des pas perdus de l'hôtel de ville, mais seule une demi-douzaine de personnes l'avaient signé à la mi-journée.

«Je ne savais pas quoi écrire. J'ai présenté mes condoléances aux familles. Des choses comme ça, ça ne devrait pas arriver, non, vraiment, ça ne devrait pas», explique l'une des signataires, Anna Pellegrini, en se disant que «ça aurait pu lui arriver».

«Les gens sont toujours assez hagards. Il leur faut du temps pour digérer ce qui s'est passé», relève l'échevin (adjoint au maire) chargé des affaires sociales, Benoît Drèze.

La ville a dès mardi soir mis sur pied une cellule d'accompagnement psychologique, où une trentaine de personnes se sont présentées.

Elles «viennent ici avant tout pour parler, pour vider leur sac. Un garçon de 10 ans, qui l'a échappé de peu -il a été protégé des éclats par un bus qui passait- s'est présenté à la première heure ce matin avec ses parents, qui étaient presque aussi choqués que lui», ajoute M. Drèze.

Au collège Saint-Barthélemy tout proche, dont un des élèves a été tué et de nombreux autres blessés, les lourdes portes sont fermées. Après une minute de silence en début de matinée, les examens prévus ont été annulés. Là aussi, une cellule d'aide psychologique a été mise en place.