À en croire le Front national, l'électorat français fera face à un choix lourd de conséquences à l'élection présidentielle de 2012. Rien de moins que l'ordre ou le chaos en découlera.

Tel est du moins ce que suggère une affiche révélée la semaine dernière par l'aile jeunesse de la formation d'extrême droite qui demande aux citoyens du pays de «choisir [leur] France».

Elle montre d'un côté un sans-abri affalé sur un banc public, la tête baissée. À l'arrière-plan, des personnes s'activent autour de véhicules en feu qui libèrent une colonne de fumée voilant un imposant immeuble résidentiel.

Du côté droit, un couple assis sur le prolongement du banc du sans-abri regarde l'objectif en souriant. Un vieil homme marche tranquillement derrière eux dans un village fleuri placé au pied de paisibles montagnes.

Dans une vidéo tournée lors du dévoilement de l'affiche à Paris, un jeune militant du Front national relève que l'image de gauche montre «la France qui va dans l'abîme, la France dégueulasse», celle qui tombe sous le règne des «racailles» et des «brûleurs de voitures».

L'autre image présente plutôt la «France des terroirs, des campagnes», une France «dans laquelle il fait bon vivre» qui serait le résultat d'une synthèse idéale entre tradition et modernité.

«C'est la France que nous et nous seuls pouvons assurer pour demain», explique le militant à un groupe de sympathisants enthousiastes.

Les adeptes des médias sociaux n'ont pas mis de temps à détourner l'affiche. L'un d'eux a ainsi mis en ligne une version modifiée où le message «Choisis ta France» a été remplacé par «Choisis ta race».

D'autres usagers ont dressé un parallèle avec des affiches de propagande utilisées par les nazis en Allemagne ou le régime de Vichy en France.

Un porte-parole de l'aile jeunesse du parti, Paul-Alexandre Martin, a déclaré hier que ces critiques étaient risibles.

«Plutôt que de répondre sur le fond, nos opposants font des amalgames avec les années 30 et 40. Personne ne veut discuter des vrais enjeux», déclare M. Martin.

Marine Le Pen, qui dirige le Front national, s'est aussi portée à la défense de l'affiche, il y a quelques jours.

«À gauche de l'image se trouve la France actuelle, et à droite de l'image, celle que l'on veut faire. La France de l'insécurité, de la pauvreté, de la paupérisation, de l'explosion du chômage, de la disparition du système de protection sociale, c'est aujourd'hui. Oui, c'est aussi « caricatural « que cela, comme vous le dites», a-t-elle déclaré à un journaliste.

Fraude et immigration

La politicienne d'extrême droite a profité de l'occasion pour revenir à la charge contre la fraude à l'aide sociale, une pratique qu'elle lie avec insistance à l'immigration. Elle accuse le président du pays, Nicolas Sarkozy, de n'avoir rien fait, tant comme ministre de l'Intérieur que comme chef d'État, pour freiner les abus.

Le président a abordé ce sujet en début de semaine en annonçant que le gouvernement entendait désormais exiger des bénéficiaires de l'aide sociale un minimum de sept heures de travail par semaine.

Les militants du Front national s'attendent à ce que Nicolas Sarkozy tente de s'approprier les thèmes de prédilection de leur parti de manière à élargir ses appuis politiques en vue de l'élection présidentielle à venir.

Paul-Alexandre Martin ne croit pas que l'approche, tentée avec succès lors de l'élection de 2007, donnera les résultats escomptés.

«Je pense que c'est terminé, cette stratégie. Ceux qui se sont fait berner en 2007 ont vécu cinq années terribles sous le règne de Nicolas Sarkozy. Très peu vont se faire prendre de nouveau», souligne-t-il.