Les enseignants français étaient nombreux en grève mardi pour dénoncer la «dégradation» de l'école du fait des suppressions de postes, un thème qui sera l'un des enjeux de la présidentielle de 2012.

Les organisations syndicales veulent peser sur le projet de budget 2012 qui passe mercredi en Conseil des ministres et prévoit 14 000 suppressions de postes à la prochaine rentrée du fait du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, alors que les effectifs d'élèves augmentent.

Dans le primaire, entre 29% des enseignants, selon le ministère et 54% selon les syndicats, étaient en grève. Dans le secondaire, l'estimation variait entre 22% et 46%. Selon les organisations syndicales, la différence de chiffre s'explique par le fait que le ministère rapporte le nombre des grévistes constatés le matin à l'ensemble des personnels, qu'ils soient en exercice ou non le jour même.

Au total, ce sont 80 000 postes, essentiellement d'enseignants, qui auront été supprimés au cours du mandat de Nicolas Sarkozy (2007-2012). L'Éducation nationale compte aujourd'hui 850 000 enseignants.

Fait exceptionnel, les écoles catholiques, très présentes dans l'ouest rural et le nord du pays, se sont jointes à la grève. Elles représentent l'essentiel des écoles dites «privées» même si elles sont de fait sous contrat avec l'État, appliquant les mêmes programmes que dans le public avec des enseignants rémunérés par l'État.

Les postes supprimés peuvent entraîner des fermetures de classes et d'établissements «tout particulièrement en milieu rural», font valoir les syndicats du privé pour expliquer ce mouvement inédit.

La scolarisation des tout petits, les cours à effectifs réduits, les projets éducatifs, les postes de lutte contre l'échec scolaire sont devenus des «variables d'ajustement», selon les syndicats. Classes surchargées, réserve de remplaçants quasi inexistante, bas salaires et réformes contestées comme celle de la formation des enseignants sont d'autres motifs de mécontentement.

L'école sera l'un des enjeux de la présidentielle de 2012.

Le ministre de l'Éducation Luc Chatel, qui «assume» les suppressions de postes, assure que «la vraie question aujourd'hui, c'est le sur-mesure» des enseignements et non «la quantité».

L'ancien ministre socialiste de l'Éducation Jack Lang a apporté son soutien aux enseignants en grève, dénonçant une «sauvagerie» et une «violence» «jamais vues» du gouvernement à leur égard.

Le favori de la primaire socialiste, François Hollande, a annoncé qu'il créerait «12 00O postes par an» dans l'Éducation durant son quinquennat s'il était élu président.