La dirigeante des socialistes français Martine Aubry s'est lancée mardi dans la course à la présidentielle de 2012 en se présentant à la primaire organisée par son parti pour désigner son candidat, une compétition très ouverte depuis l'arrestation de Dominique Strauss-Kahn.

Après avoir longuement hésité, elle a finalement décidé de se jeter dans l'arène, portée par les sondages depuis la mise hors-jeu de l'ancien patron du FMI et la possibilité entrevue de remporter la présidentielle d'avril et mai 2012 après trois échecs successifs de la gauche.

«Je veux rendre à la France sa force, sa sérénité, son unité. Je veux redonner à chacun le goût de l'avenir et l'envie d'un destin en commun», a déclaré le chef de l'opposition, 60 ans, dans une courte adresse aux Français prononcée de son fief de Lille (nord) dont elle est maire.

«Aussi, j'ai décidé de proposer ma candidature à l'élection présidentielle», a poursuivi la fille de l'ancien président de la Commission européenne Jacques Delors, dénonçant la politique du président Nicolas Sarkozy, «exclusivement menée au profit des plus privilégiés».

Entourée d'un faux suspense, la candidature de la première secrétaire du PS était en réalité devenue inéluctable depuis l'inculpation pour tentative de viol mi-mai à New York de DSK avec qui elle était liée par un pacte selon lequel le mieux placé irait au combat.

Jusqu'alors, M. Strauss-Kahn était donné grand gagnant, au sein de son parti et au niveau national, pour battre Nicolas Sarkozy au second tour.

Le brusque coup d'arrêt à sa carrière a rebattu les cartes au sein du PS, plaçant l'ancien patron du parti, François Hollande, en tête des sondages devant Martine Aubry. Mais, face à l'un ou à l'autre, le chef de l'État, dont la candidature à sa succession fait peu de doute, reste perdant pour le moment.

Dans ce cadre, le choix du bon candidat au sein du PS, une formation connue pour ses luttes intestines qui n'avaient pas permis de rassembler lors de la dernière présidentielle de 2007, est un enjeu de taille puisque les socialistes n'ont plus gagné la présidentielle depuis 1988.

Tout se décidera lors des élections primaires que le parti va organiser les 9 et 16 octobre et pour lesquelles le dépôt des candidatures s'est ouvert mardi. Ce scrutin, inédit en France et inspiré des États-Unis, sera ouvert à tous ceux qui se disent sympathisants de gauche, manière de donner une dynamique populaire à l'élection et une légitimité au candidat.

Dans cette course, outre M. Hollande, 56 ans, Mme Aubry devra affronter la candidate malheureuse à la présidentielle de 2007 Ségolène Royale, 57 ans, de même que deux représentants de la génération des quadragénaires du PS, Manuel Valls et Arnaud Montebourg.

Une désignation de Mme Aubry lors de la primaire donnerait au candidat socialiste une coloration résolument à gauche. L'ancienne ministre de l'Emploi est internationalement connue pour avoir mis en place la controversée réduction du temps de travail hebdomadaire à 35 heures.

Une réforme qui lui vaut d'être taxée d'«archaïque» par le pouvoir en place.  «C'est une candidate du passé, avec un programme qui est clairement dépassé», a encore lancé mardi la ministre de l'Enseignement supérieur Valérie Pécresse.

Martine Aubry cherche à cultiver, depuis quelques années, une image de responsabilité et de sobriété, qui lui a parfois valu le surnom de «Merkel de gauche».

Au profil plus libéral et plus proche qu'elle des idées de Dominique Strauss-Kahn, son seul réel adversaire est François Hollande: depuis des mois il n'a cessé de voir sa cote de popularité monter, profitant dès avant le choc de New York de l'érosion de la droite dans les urnes. Mais ses détracteurs lui reprochent sa tendance au consensus mou et son manque d'expérience ministérielle.