Une alerte à la bombe émanant de dissidents républicains irlandais a provoqué un branle-bas de combat policier lundi à Londres, à la veille d'une visite historique de la reine en Irlande, sous haute sécurité en raison de la crainte d'attentats.    

Scotland Yard a annoncé dans la matinée avoir reçu «une menace d'attentat à la bombe dans le centre» de la capitale britannique, sans mention de lieu, ni d'heure.

«Nous pensons que cette alerte est liée aux dissidents républicains irlandais», a précisé un porte-parole. Les paramilitaires irlandais utilisent depuis des années des codes connus des forces de l'ordre pour authentifier leur appel en cas d'alerte à la bombe ou de revendication d'attentat.

Scotland Yard a demandé aux Londoniens de «continuer à vaquer normalement à leurs occupations», mais de «rester vigilants», précisant que les forces de l'ordre étaient sur le «qui-vive».

Cette mobilisation a d'ailleurs conduit dans la matinée des démineurs à faire sauter une valise suspecte près du quartier des ministères, qui s'est finalement avérée sans danger.

Le Mall, la célèbre avenue qui mène au palais de Buckingham, résidence de la reine, a également été fermé lundi matin pendant plusieurs heures, après une alerte qui s'est révélée infondée, mais qui a néanmoins conduit des policiers à fouiller des égouts.

Le palais s'est refusé à tout commentaire. D'après une source proche de Buckingham, la reine ne s'y trouvait pas à ce moment.

Le «niveau d'alerte terroriste» concernant l'Irlande du Nord n'a toutefois pas été relevé et reste à «important», soit un seuil inférieur à celui concernant le terrorisme international qui est à «grave», ou encore le 3e échelon sur une échelle de 1 à 5.

Mais la police est sur le pied de guerre à Londres comme à Dublin, craignant que des dissidents républicains opposés au processus de paix en Irlande du Nord ne mettent à profit le déplacement historique de la reine pour tenter une action retentissante.

Les relations tumultueuses entre Irlandais et Britanniques se sont largement apaisées depuis les accords de paix de 1998 et cette première visite d'un monarque britannique depuis 1911 fait figure de geste de réconciliation. Mais des rancoeurs demeurent contre l'ancienne puissance coloniale.

Au moment de l'indépendance de l'Irlande, Londres a conservé dans son giron la province d'Irlande du nord, majoritairement protestante.

Pour assurer la sécurité de la reine pendant son déplacement de quatre jours, 8.000 policiers et 2 000 militaires ont été mobilisés, et des arrestations préventives ont été menées au sein de la mouvance dissidente républicaine.

Le Sinn Féin, souvent accusé de liens avec l'IRA (catholiques séparatistes), s'est dit «opposé» à cette visite «prématurée».

«La reine n'est pas la bienvenue», elle est «recherchée pour crimes de guerre», avait aussi prévenu en avril un homme masqué lors d'un rassemblement en Irlande du Nord, assurant parler au nom de l'IRA-Véritable, groupuscule isolé mais auquel on attribue les récents attentats en Ulster.

Début avril, un policier catholique a péri dans l'explosion d'une voiture piégée et une camionnette bourrée d'explosifs a été découverte peu après, dissimulée au bord d'une route.

La tâche des forces de l'ordre sera encore compliquée par la présence en irlande, au côté de la reine, du Premier ministre britannique David Cameron.

La fin de la visite d'Elisabeth II vendredi ne sonnera pas pour autant celle de la mobilisation policière: la semaine prochaine, le président Obama est attendu à son tour en Irlande et au Royaume-Uni.