La Russie ne fait pas de progrès en matière de lutte contre la toxicomanie, le pays comptant quelque 2,5 millions de drogués, essentiellement des jeunes, a reconnu lundi le président Dmitri Medvedev, préconisant une généralisation des tests de dépistage.

«Malgré l'attention accrue que nous accordons à ce thème et l'adoption il y a un an d'une stratégie d'État de lutte contre la toxicomanie jusqu'en 2020, on a très très peu de résultats positifs», a relevé le président russe lors d'une réunion en Sibérie consacrée à ce sujet.

Il a ensuite admis que le chiffre officiel de 650 000 drogués en Russie était largement sous-estimé. «Selon les experts, nous n'avons pas moins de 2,5 millions de personnes qui consomment des drogues. C'est un chiffre effrayant. En plus, 70 % d'entre eux ont moins de 30 ans», a relevé M. Medvedev.

Les statistiques officielles ne prennent en effet en compte que les toxicomanes enregistrés auprès des institutions médicales spécialisées.

Or, la consommation de drogues a explosé en Russie après la chute de l'Union soviétique, en particulier l'héroïne afghane qui traverse les frontières poreuses entre les pays de l'ex-URSS.

Aucune statistique officielle fiable sur le nombre de décès dus aux drogues en Russie n'est par ailleurs disponible, mais le Service fédéral de lutte antidrogue a estimé que quelque 30 000 personnes étaient mortes de surdoses en 2009.

Lors de la réunion de lundi, la présidente de l'association Les mères contre la drogue, Valentina Tchervitchenko a de son côté dénoncé un «génocide», tandis que M. Medvedev soulignait que la toxicomanie «détruisait le tissu génétique de la nation», au moment où la Russie est en pleine crise démographique.

Le président russe a dès lors jugé que le pays devait enfin se doter d'un système fiable de surveillance et d'évaluation de ce fléau.

«Il faut au plus vite mettre en place un système d'État de surveillance de l'évolution de la toxicomanie», a-t-il relevé, avant de préconiser de généraliser les tests de dépistages dans les écoles et les universités.

«Le test n'est pas une mesure punitive, c'est une mesure pour contenir (...) toute personne, jeune ou adulte et cherchant du travail, se dira que même s'il prend une seule fois une drogue, ce sera découvert et cela l'empêchera de prendre des drogues», a estimé M. Medvedev.

Il s'est prononcé pour une généralisation du dépistage chez les étudiants «en particulier s'agissant des établissements éducatifs privés prestigieux».

«Concernant le dépistage chez les écoliers, toutes les formes de dépistage global me conviennent. Il n'est tout simplement plus possible de ne pas dépister», a insisté le président.

Le chef de l'État russe a enfin reconnu la nécessité de multiplier les centres de désintoxication en Russie, qui selon lui sont de moins en moins nombreux.

«Il faut absolument créer un système de réhabilitation médico-sociale des drogués et se concentrer en particulier sur la réhabilitation des mineurs», a-t-il dit.

«D'autant que, les centres médicaux pour les toxicomanes ont baissé en nombre ces dernières années, et leur financement et leurs équipements sont très loin d'être les meilleurs», a souligné le chef de l'État.

Ni M. Medvedev ni les hauts responsables russes présents n'ont cependant évoqué le budget consacré actuellement à la lutte contre la toxicomanie.

Par ailleurs, la question des produits de substitution à l'héroïne n'a pas été abordée, ces médicaments, en premier lieu la méthadone, étant interdits en Russie.