Huit adolescents ont été mis en examen mercredi pour «tentative de meurtre» après avoir participé samedi dans une banlieue déshéritée du nord de Paris au passage à tabac d'un jeune de 18 ans, dont ils ne supportaient pas la liaison avec une fille de leur quartier.

Deux autres adolescents ayant assisté au lynchage ont été mis en examen pour «non dénonciation et non empêchement d'un crime».

La victime, Haroun, entre la vie et la mort pendant plusieurs jours, est sortie du coma, selon une source policière. Son état de santé «semble s'améliorer» même s'il «est toujours particulièrement sérieux».

Cinq de ces adolescents, dont celui qui est présenté comme l'instigateur de l'agression, ont été écroués, a précisé le procureur de Bobigny (banlieue nord) Sylvie Moisson. Les cinq autres ont été placés sous contrôle judiciaire.

L'agression avait eu lieu samedi soir dans un couloir de la gare de Noisy-le-Sec, dans le département de Seine-Saint-Denis, au nord de Paris.

Aux yeux de ses agresseurs, le tort du jeune homme aurait été, selon l'enquête, d'avoir fréquenté une jeune fille de leur quartier, le Bois Perrier, à Rosny-sous-Bois(nord) alors que lui était de Sartrouville (ouest).

L'un des inculpés, qui «apparaît comme l'instigateur, a repéré l'endroit où se situait la cible, en utilisant un subterfuge, notamment un sms», a expliqué la procureur. «Les mis en cause se sont rendus sur les lieux après avoir localisé (Haroun), à la gare RER de Noisy», a-t-elle rapporté: «Ils ont encerclé, ils ont porté des coups de poing, de pied, d'une rare violence à la victime qui était au sol».

«Ils ont laissé la victime pour morte après l'avoir dépouillée de son portable, ses chaussures», a dit la procureur, précisant que la plupart des mis en cause ont reconnu les faits et que la bande vidéo avait permis d'identifier les agresseurs présumés.

Ce lynchage est le nouvel épisode d'un phénomène de rivalités extrêmement violentes entre bandes et entre quartiers dans certaines banlieues sensibles en France, notamment dans la région parisienne.

A la mi-mars, deux autres banlieues de Paris, Asnières et Gennevilliers, à l'ouest de Paris, avaient été secouées par des rivalités entre bandes, avec des agressions à l'arme blanche, dont une mortelle. Un couvre-feu pour les mineurs avait alors été instauré.