Des dizaines de milliers de séparatistes ont pris d'assaut les rues de la ville de Bilbao, au Pays basque espagnol, afin de demander au gouvernement de permettre à un nouveau parti indépendantiste de participer aux prochaines élections.

Les dirigeants du Parti sortu soutiennent qu'ils s'opposent à la violence à laquelle ont souvent eu recours les groupes armés de l'ETA, ce qui devrait lui permettre de mériter le statut juridique pour présenter des candidats aux élections qui auront lieu en mai.

Vendredi, le procureur général de l'Espagne avait déclaré que cette formation politique était l'équivalent du Parti batasuna, qui a été banni en 2003 puisqu'il était affilié à l'ETA.

Ce sera à la Cour suprême espagnole de décider du statut juridique du parti.

Les manifestants ont marché en silence dans les rues du centre-ville de Bilbao, samedi, en brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire «Vers la paix, la légalisation».

À l'issue de la manifestation, le dirigeant séparatiste Kontxita Beita a déclaré que «l'espoir avait commencé à se faire sentir dans la société basque». Il a dit espérer que «cette fois, ce sera pour de bon».

Le bureau du procureur général a annoncé qu'il ferait parvenir une requête au tribunal afin de demander que le Sortu soit banni d'ici le 11 mars.

Mais il est très probable que, faute de temps, la Cour ne puisse livrer son verdict avant le 22 mai, soit le jour où doivent se tenir les élections. Les candidats indépendantistes seraient ainsi éliminés de facto.

Si le Sortu obtient la permission de se présenter aux élections, les politiciens séparatistes pourraient avoir accès à des postes gouvernementaux régionaux et locaux en plus de bénéficier des avantages financiers qui les accompagnent.

Le ministre de l'Intérieur de l'Espagne, Alfredo Perez Rubalcaba, a déclaré vendredi que le gouvernement espagnol était prêt à prendre des mesures afin d'empêcher les candidats du Parti batusana de se joindre à d'autres partis basques dans l'éventualité où le Parti sortu serait banni.

L'ETA a décrété un cessez-le-feu en septembre dernier et s'est engagé à le rendre permanent quelques mois plus tard, en janvier. Durant les quarante années de sa violente lutte en faveur de l'indépendance basque, le parti a consenti 11 fois à des trêves.