La Belgique va battre samedi le record d'Europe de la plus longue crise politique, détenu jusque-là par son voisin, le royaume des Pays-Bas, qui avait mis 208 jours pour former un gouvernement en 1977.

La crise belge étant selon toute vraisemblance loin d'être terminée, avec la démission jeudi du conciliateur chargé de relancer les négociations entre partis flamands et francophones sur une décentralisation accrue du pays, ce record devrait être largement enfoncé.

L'ancien record national belge de 194 jours avait lui été dépassé le 25 décembre.

Quant au record du monde, la Belgique a toutes ses chances au vu de l'impasse politique actuelle: si le 30 mars, elle n'a toujours pas de gouvernement en ordre de marche alors que les législatives ont eu lieu le 13 juin 2010, elle ravira ce trophée envié à l'Irak, à qui il avait fallu 289 jours pour former un cabinet en 2009.

Surgouverné par un empilement exceptionnel d'instances communales, régionales et communautaires, ce pays fédéral depuis 1992 ne semble pas trop souffrir pour l'instant de la vacance du pouvoir central.

Le fait que la Belgique en soit réduite à un gouvernement gérant les affaires courantes depuis sept mois, sous la direction du premier ministre sortant, le chrétien-démocrate flamand Yves Leterme, n'a pas eu jusqu'à présent d'autre effet notable qu'attirer la curiosité du reste du monde sur ses particularités nationales.

Cela n'a notamment pas empêché la Belgique de présider avec efficacité l'Union européenne au second semestre de 2010, de l'avis général.

Toutefois, des experts estiment que la Belgique ne pourra pas encore continuer longtemps à reporter des décisions de long terme, que cela va finir par retarder certains projets d'investissement et que la crise financière qui affecte la zone euro pourrait s'étendre à ce pays endetté à 100% de son PIB.