Des étudiants ont fait mercredi pendant cinq heures le siège de l'immeuble abritant le QG du Parti conservateur à Londres, où ils ont pénétré par la force quand a dégénéré une manifestation sans précédent contre le triplement des frais universitaires, a constaté l'AFP.

Le face à face, filmé en direct par les chaînes d'information, a opposé plusieurs milliers d'étudiants à des forces de l'ordre un temps débordées. Il s'est achevé vers 19h00 GMT (14h00, heure de Montréal), la police encerclant les derniers manifestants pour les fouiller avant de les laisser partir ou de les arrêter.

Vers 20h00 GMT (15h00, heure de Montréal), Scotland Yard faisait état de 14 blessés légers, dont sept policiers, et de 32 arrestations. Une «bobby» a notamment été évacuée, le visage en sang.

La manifestation contre le projet gouvernemental de tripler les frais de scolarité dans les facultés anglaises avait rassemblé dans la matinée entre 20 000 et 50 000 étudiants, selon les estimations de la police ou des organisateurs.

Elle a dégénéré vers 13h00 GMT (8h00, heure de Montréal). Des manifestants, dont certains avaient le visage masqué, ont alors fait voler en éclats les baies vitrées de la tour située à proximité du parlement, en bordure de Tamise.

Ils se sont ensuite systématiquement attaqués aux baies du hall d'entrée à l'aide de bâtons et de chaises, ont défoncé des portes et attaqué le plafond en dépit des efforts des policiers sur place pour les déloger à coups de matraques.

Une cinquantaine de manifestants a également réussi à gagner le toit de l'édifice pour y déployer une banderole.

Aaron Porter, président du Syndicat national des étudiants (NUS), a été prompt à se démarquer des fauteurs de trouble, en déclarant «condamner totalement les violences» survenues à l'issue de «la manifestation pacifique».

Le maire conservateur de Londres Boris Johnston, a pour sa part affirmé que serait traduite en justice «la petite minorité» qui a «envahi un bâtiment, terrifié des gens et mis en danger des vies».

Des renforts casqués et armés de boucliers n'ont fait que tardivement leur apparition. Le chef de la police métropolitaine, Sir Paul Stephenson, a admis n'avoir pas anticipé un tel niveau de violences. «Ce n'est pas acceptable. C'est embarrassant pour Londres et pour nous», a-t-il reconnu.

Il s'agit de la plus importante manifestation organisée depuis l'entrée en fonction en mai dernier du gouvernement du conservateur David Cameron, qui se trouvait mercredi à Séoul pour assister au G20.

Sur des pancartes, on pouvait lire «Arrêter les coupes dans l'éducation», «9000 livres (14 500 $), ça va pas la tête?»

En cours de matinée, le vice-premier ministre Nick Clegg, chef de file des libéraux-démocrates, avait dû faire face à une attaque en règle à la Chambre des Communes contre le projet d'augmentation des droits d'inscription à l'université.

La mesure, voulue par les conservateurs, a été acceptée par les libéraux-démocrates qui font partie de la coalition gouvernementale, en dépit de leur engagement pré-électoral à ne pas augmenter les frais de scolarité.

Le gouvernement veut autoriser les universités à fixer les droits d'entrer à 6000 livres (9700 $), et dans «des circonstances exceptionnelles» à 9000 livres.